Élisabeth Bauchet-Bouhlal : « On ne peut pas vivre sans culture ! »

by La Rédaction

PDG du Es Saadi Marrakech Resort

Les couloirs racontent Es Saadi Marrakech Resort une histoire, les murs parlent. Il suffit de tendre l’oreille. Orné de tableaux, le lieu pensé par Élisabeth Bauchet-Bouhlal respire la culture et l’art. Ce n’est pas un simple palace, c’est un lieu de culture qui aime les artistes et les soutient. Coulisses.  

Entre les tableaux, la bibliothèque faite par ses soins pour ses clients et par ses clients, la musique, Élisabeth Bauchet-Bouhlal Es Saadi Marrakech Resort, un espace où l’on accueille l’art à bras ouverts. « A l’époque, on ne parlait pas d’art et de culture comme on le fait aujourd’hui. On venait d’ouvrir le premier hôtel à Noël en 1966. On ne parlait presque pas des artistes marocains en ce temps-là. Ce qui était important pour nous, tout d’abord, c’est d’ouvrir, nous frayer une place, avoir une clientèle. Et tout de suite, quand il s’agissait de mettre quelque chose dans les chambres, il fallait mettre quelque chose d’authentique, et non une simple « déco ». Il nous fallait un vrai dessin, pas la copie de quelque chose. Même si l’artiste n’était pas connu. On ne voulait pas quelque chose de folklore, mais tout de même lié au pays pour donner une idée du Maroc. Et puis ça a continué » confie celle qui a eu pour premier cadeau de la part de celui qui allait devenir son mari, un tableau de Ouardighi, le peintre jardinier. Comme pour sceller une vie dédiée à l’art. « Cela nous a beaucoup rapproché avec mon mari » continue la maitresse des lieux qui perpétue un héritage familial puisque son père, grand collectionneur d’art, en créant le premier Casino à Marrakech dans les années 50, avait déjà fait les beaux jours du Moulin Rouge de Paris. Au programme Joséphine Baker, les Rolling Stones, sont souvent de passage. Les artistes sont les amis de la famille. 

La culture, ce fil conducteur

Pour Élisabeth Bauchet-Bouhlal, il a toujours été question de soutenir les artistes parce qu’entourée d’artistes ! Celle dont le mari partageait une chambre d’ami avec Cherkaoui, à rue des Écoles à Paris quand l’un était en école d’ingénieurs et l’autre aux Beaux-Arts, a toujours baigné dans une ambiance artistique. « Ils créaient et rien ne se vendaient à l’époque. Ce n’est pas comme maintenant. On leur a tendu la main, l’art n’était pas à la mode à l’époque » confie celle qui précise que le classicisme occidental était prédominant à l’époque, les artistes imitaient et il y avait très peu de place pour ce nouveau groupe qu’on appellera plus tard École de Casablanca, qui voulait révolutionner la peinture marocaine et mondiale. Farid Belkahia pour ne citer que lui, était proche de la famille aussi. La routine culture des Bauchet-Bouhlal a fait que l’hôtel était devenu une maison de l’art, sans vraiment le préméditer. «J’ai la chance d’être entourée d’artistes qui m’inspirent, qui me parlent de nouveaux projets, qui me nourrissent l’âme. Ils sont des catalyseurs, ils vous racontent la réalité mieux que vous la voyiez, ils savent la traduire » raconte la dame de fer toujours à l’affût de projets à accompagner et défendre. Elle soutient activement les créateurs marocains et s’investit en accueillant des manifestations comme Marrakech Art Fair ou des ventes d’art contemporain de jeunes artistes. Pendant le confinement, le Es Saadi Marrakech Resort a résisté en proposant une programmation musicale pour permettre aux artistes de créer. Une évidence pour Élisabeth Bauchet-Bouhlal, qui rappelle les mots d’un certain Malraux :
« L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme ». Tout est dit. 

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