Décès de Mohamed Melehi : Jack Lang lui rend un vibrant hommage

by La Rédaction

Les témoignages affluant du monde entier se succèdent depuis le décès de l’artiste peintre Mohamed Melehi. Nous vous livrons ci-dessous celui de Jack Lang, l’ex-ministre français de l’Éducation nationale et la Culture, actuellement Président de l’Institut du monde arabe. 

Mohamed Melehi était un visionnaire, un créateur de génie, un passeur de lumière et de culture. Son talent artistique en avait fait une figure de proue de la modernité marocaine. Affable et joyeux, c’était un homme d’une gentillesse infinie, doué d’un humour exquis et toujours bienveillant. 

Je me souviens avec émotion des moments partagés, entre légèreté et rires, où nous parlions sans fin de ses innombrables projets. Il était d’une force démiurgique quand il s’agissait d’apporter de la beauté au monde.

Sur trois continents, de Séville à New York en passant par les fresques chamarrées de sa ville natale d’Asillah, il a su mêler les influences dans des jeux de couleurs somptueux qui nous émerveillaient. Sa peinture savait toujours révéler des formes à la sensualité unique et voluptueuse. La récurrence de la symbolique géométrique de la vague était un fil qui rythmait l’harmonie musicale de tout son univers pictural et idéalisé.

En 1969, en compagnie d’autres plasticiens, dont Farid Belkahia, Mohamed Chabâa, Romain Ataallah, Mustapha Hafid et Mohamed Hamidi, il exposa une semaine durant sur la Place Jamaa el-Fna à Marrakech, véritable manifeste pour un art contemporain populaire au Maroc dont il resta le porte-drapeau pendant plus d’un demi-siècle.

Peintre universaliste, son œuvre évoquait les tons vifs et chatoyants des rives Sud de la Méditerranée et de l’Île du couchant, l’infini océanique des littoraux qu’il aimait tant, et transcrivait, sous le pinceau, des préoccupations toujours d’actualité.

Sculpteur, peintre, exposant, enseignant, artiste total et engagé, Mohammed Melehi était un ami de l’Institut du monde arabe, des arts qui contribuèrent à la vie culturelle de l’Institut par de nombreuses donations, en particulier celle de France et Claude Lemand en 2018. Il était au cœur de l’exposition Maroc contemporain que nous avions organisée en 2015 avec le soutien et le haut patronage de Sa Majesté Mohammed VI. Les toiles oniriques de Mohamed Melehi illustraient à merveille l’exception esthétique d’un pays d’exception.

Je pense aujourd’hui avec affection à son épouse Khadija, à ses enfants, à toute sa famille et à ses si nombreux amis.

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