Al Kindi (801-873) : le penseur encyclopédique

by Abdelhak Najib

C’est la figure suprême du penseur multidimensionnel. Al Kindi incarne le savoir et la soif de la connaissance, le tout couple à une rigueur scientifique avant-gardiste. Il est né en 801 à Kufa en Irak. Il effectue ses études à Basra (son père est alors le gouverneur de la ville) puis à Bagdad, où il apprit la philosophie, les mathématiques, la physique, la médecine, l’astronomie et d’autres disciplines scientifiques. Un peu moins de 270 ouvrages traitant de ces divers domaines lui sont attribués. Certains d’ailleurs furent traduits en Latin au Moyen-âge et influencèrent bon nombre de savants chrétiens. De même, les thèses d’Al Kindi influencèrent fortement un savant juif Ishaq ibn Sulayman al-Isra’ili, connu en Occident sous le nom d’Isaac Israeli (855-955).

Un traité d’optique d’Al-Kindi a été traduit en latin (sous le titre « De aspectibus ») et également un autre traitant de médecine (sous le titre « De compositarum medicinarum gradibus »). Vers le 17-18ième siècle, bon nombre de ses traités scientifiques ont été traduit en occident et Albert le Grand les cite dans ses travaux théologiques.

Al Kindi est considéré comme «un des douze hommes de génie universels qui viennent au premier rang de l’intelligence». Ce philosophe est également un homme d’une grande ouverture d’esprit. De son temps, il était considéré comme un maître dans la connaissance de la philosophie grecque. Sa démarche philosophique est ainsi empreinte de néoplatonisme et d’aristotélisme médiéval, ce qui montre bien la connaissance de l’homme en matière de philosophie grecque.

Al Kindi était également parmi les premiers à étudier la position des astres solaires et lunaires par rapport à la Terre, et les phénomènes en résultant. De même, il formula de nombreuses hypothèses sur l’apparition de la vie sur Terre. Il est aussi considéré comme un des plus grands astronomes de tout le Moyen-âge. Par contre, il réfutait toutes les pratiques astrologiques, qu’il jugeait comme contraire à la science. Il contribua également à la science de l’alchimie (ancêtre de la chimie moderne), en effectuant de nombreuses recherches sur les méthodes d’extraction de l’or des autres métaux.

D’un point de vue spirituel, il apporte sa définition à la métaphysique, via son ouvrage «Philisophie Première». Pour lui, la métaphysique est la recherche de la cause de l’existence de chaque chose, de chaque phénomène, leur connaissance physique étant simplement la connaissance profane ou matérielle. Cette définition se rapproche de celle formulée par Aristote.

Ainsi, comme ce dernier, il sépare la connaissance matérielle, qui amène à une connaissance basse et inférieure, à la connaissance spirituelle pure, plus élevée à laquelle tout le monde devrait tendre.

Al Kindi formula même une hypothèse reposant sur la finitude du temps, lui permettant de prouver l’existence de Dieu :

Après sa mort en 873 à Bagdad, l’influence d’Al Kindi sur les penseurs musulmans perdura pendant des siècles. En 1964, N. Rescher, un professeur américain, réalisa une bibliographie complète des œuvres d’Al-Kindi, accessibles de nos jours.

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