Ceux qui s’intéressent peu à la politique française l’ont découvert au cours des dernières présidentielles en France. Certes, il fut ministre de l’Enseignement supérieur du gouvernement Jospin, de 2000 à 2002, et fut l’une des figures les plus turbulentes du Parti socialiste français dans les années 80 et 90, mais peu connaissaient ses remarquables talents de tribun. Il fallait l’entendre, lors de ses meetings, pourfendre avec l’éloquence d’un Jaurès les banquiers qui s’empiffrent sur le dos du bon peuple. Cette capacité d’indignation, le candidat du Front de gauche la doit, de son propre aveu, à une jeunesse tourmentée. Il a vu le jour le 19 août 1951 à Tanger, fils de Georges Mélenchon, receveur des PTT, et de Jeanine Bayona, institutrice, tous deux nés en Algérie française. Sa petite enfance est dorée sous le soleil de la ville du détroit, entre baignades et jeux avec les enfants du quartier. Mais le bonheur ne dure pas : en 1962, ses parents divorcent et sa mère demande sa mutation en France. Le départ est un déchirement pour l’adolescent qui se retrouve dans le Pays de Caux où il doit affronter le froid et l’hostilité que la métropole réserve alors aux « Pieds-noirs ». Il affirmera par la suite que cette expérience difficile a été fondatrice de ses convictions politiques. C’est ainsi qu’à la suite des événements de Mai 68, il adhère à l’Organisation communiste internationaliste, un parti trotskyste. Dans la foulée, il devient l’un des dirigeants du syndicat étudiant de gauche l’UNEF. Cependant, à compter du congrès d’Epinay, qui marque le rassemblement de la gauche derrière François Mitterrand, il prend ses distances avec les trotskystes. En 1977, alors professeur de français, il intègre le Parti socialiste où il acquiert rapidement des responsabilités. Il devient le directeur de cabinet du maire de Massy, Claude Germon, tout en dirigeant des publications partisanes. En 1988, adversaire de la « Deuxième gauche » de Rocard, il fonde avec Julien Dray un courant au sein du PS, la Gauche socialiste. En mars 2000, il devient le ministre délégué à l’Enseignement professionnel du gouvernement de Lionel Jospin. C’est en 2005 que ses divergences avec la ligne majoritaire du Parti socialiste éclatent au grand jour : il fait campagne pour le « non » au référendum sur la Constitution européenne aux côtés de l’extrême-gauche. A partir de ce moment-là, il se détache progressivement du PS jusqu’à en démissionner en novembre 2008 pour créer le Parti de gauche le 1er février 2009. Un an plus tard, il annonce sa candidature aux présidentielles de 2012 et reçoit le ralliement du Parti communiste. Auteur d’une excellente campagne, il est toutefois déçu par son score au 1er tour : 11,1% des voix, alors que son objectif était de se placer avant Marine Le Pen (17,9%). Il n’a toutefois pas fini de ferrailler avec la dirigeante du Front national : il se présente en effet aux prochaines législatives contre elle dans le Pas-de-Calais.
Jean-Luc Melenchon : Le dernier tribun de gauche
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