Belaïd Bouimid : “difficile de jouer deux lièvres à la fois”

by Nadia Sefraoui

Analyste sportif et caricaturiste, Belaïd Bouimid, donne au sport une dimension culturelle au-delà de l’expression physique et de l’aspect ludique. Ne mâchant pas ses mots, il revient sur les performances du Onze National et ses chances à la CAN 2017.

Que pensez-vous du 11 national en place actuellement?
Le “onze” actuel est constitué des meilleurs joueurs dans leurs clubs. Benatia, Boufal, Dirar, Da Costa, Tanane, Karim Ahmadi, Ait Bennacer, Saiss, El Arabi, Fayçal Fajr, Belhanda…Pris individuellement, ils sont bons dans leurs clubs et s’adaptent facilement dans les divers championnats européens où ils suivent une formation adaptée au professionnalisme et à la culture technique, tactique, psychologique, bref au spectacle pro qui réclame des sacrifices énormes. Tous, sont passés par des centres de formation dont la culture est différente selon chaque pays européen, son histoire, ses stars, ses accumulations et sa culture. La culture italienne n’est pas la culture espagnole, anglaise ou helvétique. D’où la difficulté d’adaptation une fois ces joueurs ayant réussi le haut niveau en Europe, sollicités dans les compétitions africaines en CAN ou en Coupe du Monde.

Pensez-vous que les matchs amicaux que l’équipe du Maroc a disputés avec des adversaires non-africains soient une réelle préparation à la CAN 2017 ?
Les matchs amicaux intra-africains sont difficiles à tenir, surtout quand la majorité de l’effectif est liée à des clubs européens qui sont leurs employeurs et leur assurent leurs salaires de fin de mois. Pas leur équipe nationale. D’où l’obligation du service minimum, avec les dates FIFA. Une autre contrainte est due au fait que les meilleurs africains coûtent cher et servent rarement de véritables sparring partners pour une véritable préparation.
Le Maroc a-t-il vraiment une chance à la CAN 2017?
Le Maroc a toujours été favori des compétitions continentales et a sombré à cause de contraintes extra-sportives. En plus, il est difficile de jouer deux lièvres à la fois, la CAN 2017 et la Coupe du Monde 2018. Il faut que la Fédération fasse un choix, comme on l’avait osé, avec courage, en 1998. Par ailleurs, la survalorisation de M. Hervé Renard et sa dotation d’un statut de surhomme peut se retourner contre lui, soit pour ses choix ou sa gestion de l’effectif des titulaires. Son point fort réside dans son expérience continentale, acquise sur les traces de son “maître à penser” Claude Leroy, comme il a tenu à le rappeler. Et il est possible que le Maroc joue les premières places, pourvu que les joueurs soient autant motivés et déterminés comme ils le sont dans leurs clubs européens. Quand ils sont titulaires, bien sûr et c’est le critère retenu a priori dans les choix de M. Hervé Renard.

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