Les Marocains et le sexe

by La Rédaction

Le rapport des Marocains au sexe est très complexe. C’est le moins que l’on puisse dire. Religion, interdits, poids social, hypocrisie, violences conjugales, violences au sein des couples, trahisons, infidélités, inclination certaine pour l’encanaillement, homophobie, prostitution, sexe et argent, sexe et réussite professionnelle… Le Maroc n’est certes pas différent des autres pays, mais peut-on parler de liberté sexuelle dans ce pays sans crier au scandale ?


La question est posée avec insistance. Aujourd’hui, plus que jamais, les Marocains doivent faire face à leurs problèmes avec le sexe et le corps. Les dernières années et surtout les derniers mois ont été émaillés d’incidents plus ou moins graves, tous liés au sexe. Actes homophobes, agressions sur des femmes, viols, affaires de pédophilie, réseaux de prostitution, violences conjugales, procès d’adultère, chantage sexuel sur le net… bref, les tribunaux trainent des dossiers costauds sur le corps et ses dérives à la Marocaine.
Pourtant, ceci n’est pas nouveau. Cela a toujours existé au Maroc, mais ces dernières années, avec le poids des réseaux sociaux, l’explosion du Net, les affaires éclatent au grand jour et les gens parlent plus facilement. Persistent toutefois d’énormes blocages à tous les étages de la société à chaque fois qu’il est question de parler de sexe et de corps. Vous allez lire dans ce dossier les témoignages de plusieurs figures de la société marocaine, de tous horizons, les points de vue versent presque tous dans le même sens. Preuve s’il en est que la question et le débat font le tour des forces vives du pays et qu’il est temps que chacun prenne ses responsabilités pour enfin poser les questions qu’il faut, ouvrir le dialogue, entamer une réflexion profonde sur le sexe et la sexualité des Marocains. Dans ce dossier nous avons aussi donné la parole à des Marocains d’origines diverses, qui ont choisi le Royaume pour y vivre. Eux aussi ont un point de vue à écouter puisqu’ils font tous partie intégrante de ce tissu social. Le diagnostic est fait par les spécialistes à qui nous avons donné ici la parole : sexologue, sociologue, psychiatre, chacun apporte son éclairage pour mieux cerner cette problématique liée au sexe.
Cela n’empêche pas de faire le solde de tout compte de cette hypocrisie sociale qui rend tout dialogue autour du sexe tabou, interdit, frappé du saut de l’ex-communication. Banni, mis au banc de la société, juste parce qu’on ose aborder le sujet fondamental de toutes les sociétés sur cette terre. Il ne faut pas être un devin, pour voir que les Marocains et les Arabes en général ont un sérieux problème avec le sexe. C’est connu. C’est établi. Maintenant pourquoi autant de non-dits, de dénégations, de dénis?

Hypocrisie sociale
Ce que l’on veut nous faire croire à chaque fois que l’on traite de nu, de sexe, de parties de jambes en l’air, de désir et de plaisir, c’est que ce n’est pas de chez nous. A croire les discours qui ont pignon sur rue au Maroc, les prostituées, cela ne court pas les rues. Nous n’avons pas de travailleurs de sexe, pas de lesbiennes, pas d’homos, pas de dealers, pas de serial killers, pas d’inceste, pas de perversité ni de corruption de tous genres. Sommes-nous dans la république selon Platon, dans un des cercles du paradis sur terre où toutes ces manifestations humaines sont bannies par quelque magie céleste ou un quelconque miracle de pacotille ?
Nous avons tout ceci et pire. Au Maroc, les gens couchent ensemble, les gens baisent pour dire les choses comme elles sont. Ils font l’amour comme vous et moi, selon leurs désirs et leurs fantasmes sans être pervers ou portés sur des extrêmes. Oui, il y a des gens qui passent leur temps dans les cabarets, les bars, les discothèques, les cafés et d’autres lieux à la recherche des plaisirs de la chair. Il y a aussi ceux qui passent leur temps à mater des films pornos. Des personnes qui surfent sur le Net et ne ratent aucun site classé X. Oui, il y a des gens qui violent, qui vont dans des bordels, qui créent des lupanars bas de gamme, qui maltraitent les filles, qui picolent sec, qui se droguent à la dure… Oui, nous avons des gens qui tuent, des gens qui ruinent des vies… au nom du sexe… comme partout ailleurs.
C’est fou comme certains d’entre nous, beaucoup trop nombreux, veulent se rincer les yeux et se pourlécher les babines devant des films pornos sur le net ou sur des chaines non cryptées. Ils sont prêts à payer pour aller voir un pseudo film rose version Los Angeles, le genre série B naze et débile pour êtres humains en mal de sexe, pour frustrés de la braguette ! Et quand un Marocain veut parler de sexe ouvertement, monter une exposition sur le corps et la nudité, le sexe et l’érotisme, quand le cinéma se penche sur le sujet où la photographie en fait le sujet de son objectif, il faut crier au scandale. Que l’on nous explique cette aberration mentale qui relève de la psychiatrie la plus évidente ? On ne demande qu’à comprendre.

Déphasages collectifs
Presque tout le monde, exceptés quelques illuminés qui n’abdiquent pas, joue aux offusqués et aux choqués, face à une chanteuse en petite culotte, face à une scène hard dans un film, face à une toile avec des corps nus, face à des textes érotiques ou salaces, face à des dessins sur le sexe… Pourtant dans beaucoup de films étrangers, on a les mêmes scènes, voire plus hardcore. Si ça se trouve, ces mêmes humiliés et offensés d’un nouveau genre, courent les prostituées, picolent sans arrêt, tabassent des femmes, se jointent à longueur de journée pour contenir leur rage, et font pire… Ils baiseraient même avec des mineurs, et viennent faire la fine bouche, les âmes sensibles en parfait déphasage avec leurs comportements. Cela porte un nom : Schizophrénie. Franchement, c’est du délire patenté. On se paie des cautions morales sur le dos des autres, voilà ce que c’est. On se fout de la gueule du monde. C’est de la lâcheté mâtinée à de la crasse dans les méninges. Le tout estampillé à la sauce dogmatique à la mords-moi-le-nœud. Voilà ce que c’est. Et il est temps de le dire, parce qu’il y en a assez de ce marasme nauséabond qui ronge la société à coups de haine et de poison distillé au compte goutte, et parfois au débit d’un barrage détraqué. C’est cela la triste réalité de tous ceux qui parlent trop et ne font rien. Et se sentent investis d’une mission divine pour donner des leçons à tous les Marocains sur leurs corps, leur sexualité, leurs désirs et leurs fantasmes. Tous les adeptes du Tag, des Like et des commentaires sur une page bleue, derrière un clavier, à l’abri sans jamais se mouiller, ont toujours le bon rôle : ils ont le beurre, l’argent du beurre et les fesses de la crémière et accusent les autres, tous les autres de vouloir faire pareil. Le fond du problème est là. Le sexe n’est ni sale, ni interdit, ni dégradant. Non, c’est l’expression de la nature humaine, de l’essence même de qui nous sommes. Et quand on parle ici de liberté sexuelle, on ne parle pas de permissivité. On ouvre le débat, on pose des questions, on essaie d’apporter des éléments de réponses responsables, dans la bouche de spécialistes, qui étudient de très près la sexualité des Marocains et ce qu’elle peut engendrer comme frustrations, dérapages, déviances, comportements agressifs, actes violents et crimes irréversibles. Sans oublier tout le profond impact sur l’épanouissement individuel, sur l’affirmation de soi, la confiance, le bien-être et le bonheur d’être un être humain, homme et femme, comblé vivant pleinement ses désirs et ses envies sexuels dans le respect absolu de la société et de ses règles.

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