Entre deux rives : Mounir Raji, le photographe qui relie Amsterdam au Sud marocain

by La Rédaction

Il y a des artistes qui capturent des paysages, et d’autres qui révèlent des mondes entiers. Mounir Raji, photographe néerlandais d’origine marocaine, appartient sans conteste à cette seconde catégorie. Sa première exposition solo, actuellement visible au Museum Hilversum aux Pays-Bas, est une véritable invitation au voyage intérieur et géographique, entre les lumières nostalgiques du Maroc et les contrastes calmes des Pays-Bas.

Intitulée DREAMLAND, cette série regroupe plusieurs volets dont Yallah et Bladi, qui incarnent les ponts invisibles que l’artiste tisse entre ses deux appartenances culturelles. Loin des clichés, Raji construit une narration sensible, explorant les thèmes de la migration, de l’identité, de la mémoire et de l’imaginaire à travers des images d’une poésie saisissante. Chaque photo respire l’émotion d’un été marocain, les échos d’une enfance passée à Marrakesh, ou encore les réminiscences d’un fleuve, le Draa, dont le cours s’amenuise, victime du dérèglement climatique.

   

C’est d’ailleurs dans Bladi que le photographe révèle avec le plus de force l’urgence écologique : le Draa, plus long fleuve du Maroc, devient symbole d’un pays à la croisée des chemins, où la beauté du paysage cache parfois les tensions d’une ressource menacée. En capturant ceux qui vivent de ses eaux ou rêvent à ses rives, Raji transforme la photographie en acte de mémoire, voire de résistance silencieuse.

Au cœur de ce travail se trouve une volonté profonde de réconcilier deux mondes, souvent perçus comme opposés. Le regard de Mounir Raji n’est jamais dans la confrontation : il est dans la résonance. Il questionne le déracinement sans renier l’ancrage, convoque la nostalgie sans sombrer dans le passéisme. L’exposition est une lettre d’amour visuelle adressée autant au Sud marocain qu’à la lumière tamisée des musées néerlandais.

En mêlant douceur documentaire et engagement discret, Mounir Raji parvient à ce que peu d’artistes osent : raconter l’intime à travers le collectif, le local à travers l’universel.

   

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