C’est le plus grand acteur de cinéma de sa génération, mais il reste un mystère pour le public, pour l’industrie et même pour ses amis les plus proches.
« Bobby ne répond jamais à son propre téléphone », dit un ami. « Et c’est lui qui vous appelle, vous ne l’appelez jamais. »
Robert De Niro n’aime pas les interviews et les donne rarement d’ailleurs. « Après avoir donné une interview, je passe tout mon temps à essayer d’expliquer ce que je voulais dire», a-t-il déclaré au Times en 1977. « Après mes premiers films, j’ai donné des interviews… puis j’ai pensé pourquoi est-ce si important que les gens sachent dans quelle école j’ai été et quels sont mes loisirs ? Qu’est-ce que tout cela a à voir dans mon jeu d’acteur, qu’est ce que ça a à voir avec ma propre tête ? Rien.» Et quand il parlait, il limitait ses remarques à son travail. Même les articles de potins finissent par se concentrer sur sa carrière.
Les amis de De Niro acceptent son besoin de préserver sa vie privée et nient le fait que son isolement est une sorte de voyage délibéré dans les étoiles. « Il n’est tout simplement pas dans le spectacle », a déclaré Charles Maryan, qui l’a dirigé dans l’ American Place Theatre en 1972. « Les gens qui ne le connaissent pas pensent qu’il est souvent ailleurs, mais c’est faux. Il est bien là à absorber de nouveaux personnages, de nouvelles situations. Il regarde toujours, observe.
Burt Young, son co-vedette dans la pièce Cuba et His Teddy Bear, a déclaré : « Nous quittions le théâtre ensemble, vous voyez? Et les fans se précipitaient pour mon autographe, puis ils demandaient : « Quand Robert De Niro sort-il? » Et la douce ventouse se tient juste à côté de moi! « Young défend le besoin de De Niro d’être invisible en public : » Il doit l’être. S’il se laissait faire, il serait dévoré par les gens ».
Bobby, fils de deux artistes peintres
De Niro a toujours et surtout encouragé son père, à se faire connaître : « Bonjour, Je suis Bob De Niro et je suis sûr que vous avez entendu parler de mon père. »
Il est né et a grandi à Little Italy à Greenwich Village. Son père, bel homme passionné aux cheveux bouclés, à moitié irlandais et à moitié italien, est un peintre abstrait du nom de Robert De Niro. Sa mère, Virginia Admiral, d’origine anglaise, française, allemande et néerlandaise, connue pour sa voix rauque, est aussi une artiste. Elle avait vendu un tableau au Museum of Modern Art alors qu’elle étudiait la peinture avec Hans Hoffman, le célèbre artiste peintre allemand d’avant-garde des mouvements fauves et cubistes, a déclaré le regretté critique Gerald Sykes. C’est là qu’elle avait rencontré le père Robert De Niro.
Les De Niro faisaient partie d’une communauté artistique relativement soudée qui avait commencé à prospérer à Greenwich Village pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était une communauté clandestine débordante de vitalité, avec ses propres célébrations et ses mythes.
Les De Niro avaient une sorte de salon sur Bleecker Street, où le critique d’art Clement Greenberg, l’essayiste Manny Farber et l’artiste Margaret McKee, entre autres, passaient par là pour discuter de Freud, Kierkegaard, Gertrude Stein ou Zen. « Personne n’avait d’argent du tout », a déclaré le peintre Buffie Johnson. En 1946, les De Niro se séparèrent à l’amiable et Virginia Admiral s’installa dans un appartement de la XIVe Ouest avec son fils âgé alors de deux ans. Elle a lancé un service de dactylographie pour arrondir les fins de mois. Finalement, elle a recommencé à peindre. Bobby De Niro «n’a jamais été choyé», déclare un ami de la famille.
Il était déjà solitaire, timide et enclin à se retirer dans de longs silences. Après l’école, il errait dans les rues de la Petite Italie, passait devant les bars sordides et les salles de billard, et rejoignait un gang de rue à Kenmare. Les membres du gang l’ont surnommé Bobby Milk, «parce qu’il était pâle et aussi étrange que du lait». À l’âge de dix ans, il joue son premier rôle. À ce moment-là, il a décidé qu’il aimerait bien être acteur, a-t-il déclaré, «car je pourrais alors m’exprimer». Il a commencé à aller souvent voir des films avec son père.
À seize ans, il quitta le lycée et n’y retourna jamais. Au lieu de cela, il s’est inscrit au cours «scene-study class» de Stella Adler. Des années plus tard, en 1975, il essaya d’expliquer au Times pourquoi il était devenu acteur : «Au début, être une star en était une partie importante. Quand j’y suis entré, cela est devenu plus compliqué. Immerger totalement dans un autre personnage et expérimenter la vie à travers lui sans courir le risque de subir des conséquences réelles, eh bien, c’est un moyen peu coûteux de faire des choses que vous n’oseriez jamais faire vous-même. ”
Il était obsédé par la découverte de ses racines. Un été, il a fait de l’auto-stop d’Irlande à l’Italie pour tenter de retrouver ses proches. Il a finalement trouvé le clan De Niro dans un endroit appelé Campobasso, à mi-chemin entre Naples et Rome. Après leur avoir rendu visite, il est allé voir son père, qui vivait en France. De Niro senior peignait et dessinait des paysages, des nus, des portraits, des natures mortes, montrant tous un contrôle absolu de la couleur, du dessin et de la composition. Mais il luttait pour survivre. « C’était un cauchemar », a-t-il déclaré à Jerry Tallmer, journaliste au New York Post, mais il est resté attaché à son art. « C’était une question de vie ou de mort pour lui», a déclaré un ami.
Bobby, comme on l’appelle a été touché par le dévouement de son père et l’a invité à montrer son travail à Paris et à New York. Il a même pris des diapositives de couleurs de certaines peintures et les a ramenées aux États-Unis.
Lors de ses auditions, il montrait souvent les dessins de son père aux directeurs de casting. « Bonjour, » dit-il. « Je suis Bob De Niro et je suis sûr que vous avez entendu parler de mon père. »
Dès que De Niro est devenu une star de cinéma, il aurait acheté les lofts spacieux pour ses parents. Les De Niro après leur séparation, n’ont pas essayé de refaire leur vie en se remariant. Ils restent des amis proches et voient beaucoup leur enfant unique.
