Hicham Hajji : jusqu’au bout du rêve

by Abdelhak Najib



Hicham Hajji, producteur et réalisateur vient de passer derrière la pour réaliser son premier long metrage à la manière de Hollywood. Redemption Day est la concrétisation d’un rêve de gosse pour un garçon passionné de cinéma. Retour sur le parcours d’un bosseur qui ne recule devant rien.

D’assistant réalisateur à une production hollywoodienne, que de chemin parcouru ?

Pendant les 10ans où j’ai travaillé en tant que 1er assistant réalisateur, j’ai géré une centaine de plateaux de tournages, du plus petit au plus grand, du Marocain à l’Américain, du spot publicitaire au long métrage, et j’ai eu la chance de travailler avec les plus grands de ce métier à travers le monde. Mon ambition était plus grande, j’ai vendu mon appartement pour créer ma société de production. Mon père a trouvé ça de très mauvais goût, mais il a vite vu que l’investissement en valait la peine.

Puis arrivent les gros projets…

Tout à fait. Après avoir passé les dix dernières années en tant que producteur, où j’ai eu à gérer des millions d’euros que m’ont confiés plusieurs producteurs internationaux, dont ceux de Queen of the Desert réalisé par Werner Herzog où Nicole Kidman interprétait le rôle principal, j’ai vraiment appris comment la machine Hollywoodienne fonctionnait. Mes ambitions étaient encore plus grandes. J’ai donc voulu dépasser les frontières et produire mes propres projets et raconter mes histoires à travers le monde, chose que j’ai faite grâce à la succursale de H Films à Los Angeles où je passe une grande partie de mon temps.

Comment est née l’idée de ton film Redemption Day ?

Lorsque mon ami a perdu sa sœur Leila Alaoui dans l’attentat du Burkina Fasso, je me suis dit qu’il fallait absolument que je fasse un film sur ce sujet, et de le faire de la manière la plus spectaculaire et la plus commerciale, de façon à raconter au monde que ces abrutis de terroristes n’ont rien de musulman tout en faisant un film d’action spectaculaire. Pensez Taken avec Liam Neeson. C’est le même genre de structure, sauf que l’ennemi est différent et l’histoire se déroule au Maroc, avec des protagonistes américains (pour mieux vendre le film partout dans le monde) aidés par des intervenants Marocains. Dans notre cas, le BCIJ joue un rôle très important et je lui rends un grand hommage, comme ce que les Américains font avec leur FBI ou CIA.

Ton expérience du court-métrage t’a aidé à passer au long…

Après avoir réalisé plusieurs courts métrages dont le Nokia pour le marché arabe, Cleopatra Ya Lalla qui a fait office de grosse pub pour Ouarzazate, ainsi que Chaala que j’ai eu le plaisir de tourner en 35mm, et après avoir produit des dizaines de films, je me sens prêt a réaliser le projet de ma vie, un long métrage où je me suis donné tous les moyens nécessaires pour rendre fier mon pays à l’international et surtout faire un film en langue anglaise qui se vendra dans tous les pays du monde, grâce a mon partenariat avec la société oscarisée de vente internationale Voltage Pictures.

Tu réalises le rêve de ta vie finalement

Réaliser a toujours été ma passion, et réaliser Redemption Day est le rêve de ma vie. C’est un film commercial, cool à voir, cool à faire, et surtout très rentable vu qu’on le fait en anglais et avec des acteurs américains connus et a un budget très alléchant. C’est exactement le genre de projet que j’ai envie de faire et je me donne tous les moyens pour qu’il soit le mieux réussi possible, changer les clichés, mettre le Maroc sur un piédestal, avoir un très bon retour sur investissement pour ceux qui ont cru en moi et leur donner envie de renouveler l’aventure. Le but est de créer une nouvelle industrie et produire un max de film de ce genre.

Faire tourner une grande figure comme Andy Garcia n’est pas chose aisée. Comment les choses se sont déroulées ?

Très simplement. Ce sont des gens simples. Quand ils s’engagent dans un projet parce qu’ils y croient, ils se donnent à fond. Aucune grosse tête, aucune prise de tête. En plus, pour eux venir tourner au Maroc est une expérience humaine.
Ils sont à la recherche de choses vraies et de relations authentiques. Et au bout de quelques jours de tournage au Maroc, nous sommes devenus de vrais potes. Et chaque jour Andy Garcia, Robert Knepper, Gary Dourdan et les autres me disaient « I love you Hicham ». Ça venait du cœur et c’est fort parce que nous avons partagé de grands moments de complicité.

 

Le budget du film ne dépasse pas les 4,5 millions de dollars, pourtant des stars comme Andy Garcia et les autres, ça coûte 5 fois ton budget par film ?

Tout à fait, mais comme je t’ai dit, ces acteurs sont des millionnaires en dollars. Ils ont de quoi vivre pendant de nombreuses générations. Ce n’est pas l’argent qui motive leurs choix artistiques, mais le scénario, l’histoire que ça raconte, et la vision du réalisateur et ils cherchent toujours à faire de meilleurs projets qui les élèvent. Ils veulent vivre de nouvelles expériences, aller ailleurs, rencontrer de nouvelles personnes, vivre des choses différentes. Andy Garcia a trouvé le scénario excellent. Il est venu pour tourner deux jours, il est resté plus d’une semaine. Il venait avec moi voir des amis, il sortait avec moi marcher, se balader, fumer son cigare, parler, découvrir une autre culture. Voilà l’expérience qui l’a motivé. Et on est devenu amis. Après le film, il dira de belles choses sur le Maroc, sur sa beauté, son peuple magnifique, sa nature exceptionnelle, ses atmosphères, parce qu’il a été très touché.

Et Robert Knepper, ce fou, cet acteur fabuleux ?

Un homme exceptionnel. Un acteur hors pair et d’une simplicité incroyable. Il a passé du temps dans les dunes du Sud marocain, habillé en traditionnel, à dos de chameau. Il me disait en français « je t’aime Hicham » pour ces moments inoubliables. Encore une fois, ce sont des relations humaines qui se nouent. Il m’a dit avoir vécu une aventure mémorable. Il était heureux, disponible, rieur, drôle, sympathique. Et il a adoré le Maroc à tous points de vue. Pareil pour Gary Dourdan. On est devenus au fil des jours de vrais potes. Et ça a beaucoup aidé le film.

Tu as filmé à Ouarzazate, mais aussi à Rabat et tu as tenu à montrer un autre Maroc.

Tu me connais depuis longtemps, j’ai toujours été contre le Maroc montré au cinéma de façon folklorique. J’ai tenu à montrer un Maroc beau, moderne, fort, riche, varié, un Maroc tourné vers l’avenir, un Maroc avec du désert, des montagnes, une nature sublime et des paysages à couper le souffle, mais aussi un Maroc moderne, avec des villes belles comme Rabat, un Maroc évolué, progressiste, un Maroc qui n’a rien à envier aux autres pays. Et j’ai aussi rendu hommage à notre police. Je refuse de montrer le flic avec le gros ventre. Ce n’est pas moi. J’ai montré notre police au top comme les Américains montrent leurs FBI et CIA et autres NSA.

 

En quatre ans, tu arrives à réaliser ton rêve de gosse.

On en a parlé il y a quinze ans, tu te souviens. Je t’avais dit que j’allais faire mon film à Hollywood avec des acteurs top. Et c’est fait. Bien sûr que je suis fier de ce que j’ai fait et le film le montrera à sa sortie. Mais j’ai tout fait pour y arriver. J’ai mis tout mon argent dans ce film. J’ai travaillé durant plus de trois ans sur ce film en ne faisant rien d’autres. Aucune entrée d’argent. Je ne faisais que dépenser et je l’ai fait. Aujourd’hui, je suis sur la paille, je n’ai plus un sou, mais j’ai fait ce que je devais faire.

Mais c’est un film bancable, aucun souci à se faire.

Oui, c’est un film qui va rapporter de l’argent. Il faut tenir ses engagements avec les gens qui m’ont fait confiance. Il faut que tout le monde soit gagnant dans ce film et c’est le cas. On le distribue de la meilleure manière et en plus c’est un film fait pour être vu dans le monde entier. C’est pour cela que je l’ai tourné en anglais.

Excellente idée pour le distribuer en Chine, en Inde, au Japon, en Australie, sans parler du marché US et de l’Europe.

Exactement. J’ai toujours dit à beaucoup de réalisateurs que s’ils veulent conquérir le marché international il faut tourner en anglais. C’est la langue du monde actuel. Il n’y a pas de secret. Faire un film en arabe, c’est bien, mais il ira faire quelques festivals et on l’oublie. Il ne sera pas vu aux USA, ni en Chine, ni en Inde ni ailleurs, là où il y a un vrai marché de cinéma. Moi, je fais un cinéma pour qu’il soit rentable, et vu partout.

 

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