Quand Vincent Elbaz devient Mehdi Qotbi

by La Rédaction

Tout commence par un trait de crayon, sur un mur d’un lycée militaire à Kénitra. Un tigre surgit, griffé par un adolescent en quête d’échappée belle. Ce geste inaugural, presque anodin, deviendra le premier chapitre d’une destinée artistique hors norme : celle de Mehdi Qotbi. Avec « L’homme des signes », film réalisé et coécrit par Zhor Fassi-Fihri aux côtés de Jérôme Cohen-Olivar, c’est un pan entier de cette vie foisonnante qui s’apprête à être mis en lumière sur grand écran. Un biopic atypique, à l’image de son sujet, qui mêle vérité autobiographique et souffle romanesque.

Produit entre le Maroc et la France, le film se veut une ode à la résilience, à la création, et surtout à l’espoir. Porté par Vincent Elbaz dans le rôle du Mehdi adulte, et Abderahmane Oukour pour sa jeunesse, « L’homme des signes » s’annonce comme un projet à la fois intime et universel. Le casting, métissé et prestigieux, avec Victoria Abril, François Berléand ou encore Galiam Bruno Henry, reflète la double identité du peintre franco-marocain, habité par les cultures des deux rives de la Méditerranée. La transmission de ce rôle entre deux générations d’acteurs incarne magnifiquement le passage d’un être entre ombre et lumière, entre passé difficile et rayonnement artistique.

   

Ce film, Mehdi Qotbi ne l’a pas initié, mais il l’accueille avec reconnaissance, y voyant une occasion de transmettre aux jeunes générations marocaines un message fondamental : celui de ne jamais renoncer. Sa jeunesse cabossée, marquée par le manque d’amour et la violence, n’a jamais éteint en lui la lueur d’une foi inébranlable en la beauté du monde, ni l’élan vital de la création. Ce récit, qu’il accepte désormais de voir incarné, se veut un miroir pour tous ceux qui croient, malgré tout, à leur propre renaissance.

La dimension humaine du film se conjugue avec une ambition artistique affirmée. Zhor Fassi-Fihri, véritable cheville ouvrière du projet, a façonné pendant cinq ans un scénario où l’émotion prime sur la chronologie, et où la fiction – notamment autour d’un amour perdu – vient sublimer le réel. C’est une « fable » selon les mots de Vincent Elbaz, qui confie s’être laissé emporter par ce personnage aussi lumineux que mélancolique. Loin d’une imitation plate, l’acteur promet une interprétation instinctive, vibrante, nourrie d’intuition et de mimétisme bienveillant.

Le film se tournera à partir d’aujourd’hui 3 juin 2025 entre Casablanca, Rabat, Ifrane, Tanger, Toulouse et Paris. Six semaines de tournage marocain, suivies de deux semaines en France, pour retracer les chemins d’une vie pleine de rencontres majeures – Jilali Gharbaoui, Hassan II, Octavio Paz, ou encore Jacques Chirac – et jalonnée de symboles, comme cette calligraphie réinventée qui a fait de Qotbi un « tisseur d’écritures » reconnu mondialement.

Au cœur du projet, une rencontre décisive : celle de l’art et du cinéma, de l’Orient et de l’Occident, d’un homme avec sa propre légende. Et puis, plus récemment, celle entre Mehdi Qotbi et Vincent Elbaz, scellée autour d’un couscous marocain. Une introduction conviviale et symbolique, prélude à un tournage que l’on imagine déjà fort en émotions.

En attendant la sortie du film, encore non datée, on espère que « L’homme des signes » permettra au grand public de découvrir les subtilités d’un langage plastique unique, né entre les zelliges de l’enfance et les lettres sacrées. Et surtout, qu’il saura toucher ceux qui, comme Mehdi Qotbi en son temps, cherchent dans l’art une échappatoire, et dans la beauté, une raison d’espérer.

   

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