Nezha alaoui : Patrimoine architectural

by Abdelhak Najib

L’architecte marocaine Nezha Alaoui a présenté son travail sur le patrimoine casablancais en marge de la 4ème édition de la conférence internationale du patrimoine architectural qui a eu lieu à Dubai en février 2016.

Quelle place pour le patrimoine dans l’architecture aujourd’hui?
C’est une question intéressante qui pourrait faire l’objet d’une étude et je n’ai pas la prétention de pouvoir y apporter une réponse exhaustive. En effet le Maroc est un pays riche d’un patrimoine bâti et culturel qui remonte à la préhistoire. Cependant ayant travaillé sur le patrimoine récent datant du XXème siècle dans le cadre professionnel et associatif, je suis convaincue que ce dernier est encore sous-estimé voir en danger. L’identité du patrimoine construit durant le protectorat est aujourd’hui controversée bien que ce dernier fasse partie intégrante de notre patrimoine marocain. Ce que leurs concepteurs nommèrent «les villes nouvelles » sont actuellement dénaturées et très peu protégées puisque ces centre-villes sont soumis à la pression immobilière et à la dégradation. Des associations, telles que Rabat Salé Mémoire, Casamémoire ect… luttent pour protéger et mettre à niveau ce patrimoine. L’UNESCO est un allié de taille dans ce combat puisque le classement de la ville de Rabat au patrimoine mondial permit de mettre en lumière une architecture unique et précurseur. J’espère que le classement de Casablanca dont le dossier est en cours d’instruction permettra d’éviter de détruire ou de défigurer ce patrimoine marocain construit à la sueur du front de son peuple. Cependant la conservation d’un patrimoine n’est possible que grâce à sa reconversion ou sa réhabilitation. User d’un patrimoine, c’est le ramener à la vie.

Quelles sont vos références en archi? 
L’étude et l’analyse du patrimoine récent sont pour moi une source d’inspiration. Les projets élaborés par des architectes internationaux et marocains avaient pour objectif de s’adapter au besoin de la population. Ce sont des constructions récentes qui ont évolué à travers les changements apportés par leurs usagés. Les oeuvres des architectes ayant exercé au Maroc durant la première partie duXXeme siècle tel qu’Albert Laprade, August Cadet, Edmond Brion, etc…mais aussi les constructions des grands noms du brutalisme au Maroc comme Jean-Francois Zevaco, Henri Tastemain ou Eli Azaguri sont à mon sens de grandes leçons d’architecture.

Comment éviter le piège de dénaturer un bâtiment quand on décide de le réhabiliter ?
Lorsque dans le cadre de mon travail, j’ai l’opportunité de réhabiliter ou de reconvertir un bâtiment historique, mon ambition est d’éviter de figer le bâtiment, de le mettre sous cloche. Mon intention est au contraire d’en faire un bâtiment actuel, contemporain, sans le dénaturer. Les projets d’Andrea Bruno, architecte spécialisé dans la réhabilitation de bâtiments patrimoniaux, consistent souvent à ajouter des éléments contemporains. Il est le concepteur de plusieurs réalisations prestigieuses qui ont permis de faire le lien entre passé et présent en redessinant des monuments historiques à travers le prisme de l’architecture contemporaine à l’instar de Carlos Scarpa ou de Eduardo Suto de Moura.
Dans le cadre de l’exercice de ma profession en mon nom propre ou en groupement notamment avec l’atelier A1 Architecture (Moustapha Chakib et Abderahim Kassou) ou l’agence d’architecture groupe 3 (Omar Tijani et Amine Skander) j’ai également la possibilité de travailler sur des projets en ne partant que des contraintes du site et des attentes du client. Mes références sont alors principalement des architectes connus pour la sobriété de leur intervention tels que Jorhn Utzon ou Marcio Kogan.

 

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