C’est une belle histoire qui est venue agrémenter la scène politique néo-zélandaise ces jours derniers. En effet, un député d’origine africaine du nom d’Ibrahim Omer a accédé récemment au Parlement. Arrivé dans le pays en tant que réfugié, il a prononcé un premier discours empreint d’émotion devant la Chambre des représentants.
Dans le détail, Ibrahim Omer a débarqué en Nouvelle-Zélande après avoir fui l’Érythrée, un État d’Afrique de l’Est, alors qu’il n’était encore qu’un adolescent. Pour sa prise de parole au Parlement, il a entamé son allocution comme suit :
«Mon nom est Ibrahim Omer. Je suis érythréen, je suis un fils, un frère, un ami, je suis musulman, j’ai été un réfugié, je suis un syndicaliste et un militant en faveur du salaire décent, et surtout je me tiens devant vous, rempli de fierté, en tant que Kiwi qui aime Aotearoa (nom maori de la Nouvelle-Zélande)».
Faut-il souligner que M. Omer est le deuxième député à siéger au Parlement après être arrivé en Nouvelle-Zélande.
Il poursuit : «j’ai grandi dans une société tolérante où des personnes de cultures et de religions différentes se sont embrassées. Ma famille élargie était musulmane, mais nos voisins étaient chrétiens et nous partagions nos vies ensemble. Nous avons célébré les fêtes chrétiennes avec eux et ils ont célébré les fêtes musulmanes avec nous».
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«Ma première vie en Nouvelle-Zélande n’a pas été facile. J’ai obtenu un emploi d’agent de sécurité, mais je l’ai quitté après avoir été agressé et battu au milieu de la nuit. J’ai effectué des travaux à la ferme. Mes bas salaires signifiaient que je ne pouvais pas économiser pour étudier, et afin de subvenir aux besoins de ma famille à la maison, je gagnais de plus en plus d’heures jusqu’à ce que je fasse 80 heures par semaine».
«Ma vie s’est transformée si rapidement. En 12 ans après avoir déménagé en Nouvelle-Zélande, et dans les cinq ans après avoir été nettoyeur, quatre ans après avoir obtenu mon diplôme, je suis devenu membre de ce Parlement. C’est le résultat du soutien massif que j’ai reçu. C’est à cause des gens que j’ai rencontrés en cours de route».
«Votre courage, face à une adversité inimaginable, m’inspirera toujours. La réalité, c’est que beaucoup de ces millions de personnes déplacées n’auront pas la chance que j’ai eue. Tant que le monde ne changera pas, des vies innocentes continueront d’être perdues ou déplacées, abandonnées au mal et à la guerre. C’est cela que nous devons changer. Dans ma langue maternelle, le saho, je tiens à dire à ces individus : je vous vois et je me battrai à vos côtés».
Une intervention qui a été saluée par une «standing ovation» de la Chambre des représentants, et la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, s’est levée pour le féliciter chaleureusement. Les députés ont ensuite accueilli Ibrahim Omer en effectuant le «hongi», salut traditionnel maori, qui consiste à presser son nez et son front contre ceux d’une autre personne.