L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le monde feutré de l’art contemporain : Meriem Bennani, artiste marocaine basée à New York, vient de décrocher le tout premier Art Basel Award 2025. Une consécration historique, puisqu’elle est non seulement la première lauréate marocaine, mais également l’unique artiste du Maghreb à figurer parmi les 36 « global visionaries » distingués cette année.
C’est une victoire singulière, à la croisée des mondes. Bennani n’est pas de celles qu’on enferme dans une case. Son art, hybride et facétieux, entremêle la critique postcoloniale à l’absurde le plus jubilatoire. Elle navigue avec aisance entre vidéo, sculpture et installations, convoquant la culture digitale, les codes de la téléréalité, l’esthétique cartoon ou encore la science-fiction pour revisiter les récits marocains, familiaux ou identitaires. Une signature inclassable qui fait mouche.
Révélée au grand public avec la série “2 Lizards”, réalisée en plein confinement et devenue virale sur Instagram, Bennani a rapidement conquis les plus grandes institutions : le MoMA, le Guggenheim, le Whitney Museum ou encore la Biennale de Venise ont tous accueilli ses œuvres. Son approche critique, ludique et profondément contemporaine séduit autant qu’elle interpelle. Elle y scrute, non sans humour, les rapports de pouvoir, les fractures culturelles, et la quête d’un “chez soi” à l’ère numérique.
Le prix Art Basel 2025, attribué à Miami en fin d’année après une première célébration en juin à Bâle, vient couronner ce parcours singulier. Il ne s’agit pas d’un simple trophée, mais d’un levier majeur : une bourse, un accompagnement stratégique, et surtout une commande artistique internationale à venir. Bennani pourrait également décrocher la très convoitée médaille d’or, ultime distinction du programme.
Dans un contexte où le monde de l’art peine encore à refléter la diversité réelle des talents contemporains, la reconnaissance de Meriem Bennani prend un relief particulier. À travers elle, c’est toute une scène artistique marocaine, innovante et souvent marginalisée, qui accède à la lumière.
Plus qu’un prix, c’est un signal fort. Celui d’un art en mouvement, audacieux, et résolument global.