De Niro à Cannes : entre Palme d’honneur et cri de conscience

by La Rédaction

L’image est forte, presque cinématographique : Robert De Niro, 81 ans, reçoit une Palme d’honneur sur la scène du Palais des Festivals de Cannes. Visage grave, regard intense, comme s’il s’apprêtait à entrer dans un de ces rôles qui ont marqué le septième art. Mais cette fois, il ne joue pas : l’acteur légendaire n’est pas seulement venu pour recevoir un prix. Il est là pour parler, pour dénoncer, pour faire entendre une voix — la sienne, mais aussi celle de centaines d’autres artistes engagés.

Car Cannes 2025 ne s’est pas ouvert comme les autres années. La grand-messe du cinéma mondial, traditionnellement rythmée par les robes couture et les flashs crépitants, a cédé la place à une solennité rare. Quelques heures avant que De Niro ne monte sur scène, une tribune, publiée dans Libération et relayée par Variety, a fait l’effet d’un pavé dans la Croisette : près de 400 personnalités du cinéma, dont De Niro, Susan Sarandon, Richard Gere ou encore Tilda Swinton, dénoncent le “silence” international face à ce qu’ils qualifient de “génocide à Gaza”. Un mot fort, assumé, pesé. Dans un contexte géopolitique aussi sensible, le geste est audacieux, presque historique.

   

Lors de son discours, l’acteur new-yorkais, qui a souvent mêlé carrière et convictions, n’a pas éludé l’actualité. Fustigeant les dérives populistes aux États-Unis, il a dénoncé les coupes budgétaires dans la culture, le repli nationaliste et la montée des discours haineux. “L’art est la vérité. Il embrasse la diversité. C’est pourquoi il effraie les autocrates”, a-t-il lancé, sous un tonnerre d’applaudissements, rappelant que le cinéma peut – et doit – rester un espace de résistance.

Ce moment de grâce et d’engagement a été accentué par les mots de Leonardo DiCaprio, venu remettre la Palme d’honneur à celui qu’il appelle son mentor. Ému, l’acteur a évoqué leur première collaboration dans Blessures secrètes : “Il ne dit pas grand-chose, mais quand il parle, ça compte”. Cette phrase résonnait d’autant plus fort que De Niro venait justement de prouver, une fois encore, combien sa parole avait de poids.

La Croisette, souvent accusée de préférer le strass à la substance, semble cette année avoir retrouvé une forme d’âme. En mettant à l’honneur un acteur au parcours immense mais aussi à la conscience politique vive, le Festival de Cannes envoie un signal : l’art peut encore être un miroir du monde, un levier de questionnement, voire d’indignation.

En rendant hommage à Robert De Niro, c’est une certaine idée du cinéma que Cannes a célébrée : celle d’un art engagé, libre, et plus vivant que jamais.

   

Vous aimerez aussi