La Renault 5 souffle ses cinquante printemps

by David Jérémie

En 1972 est dévoilée la Renault 5, une petite voiture à la bouille sympathique et polyvalente d’utilisation qui va s’avérer au fil du temps un véritable phénomène automobile. Pour célébrer comme il se doit le cinquantenaire du modèle, la marque au losange propose depuis le début de l’année, et de façon régulière, de nombreux rendez-vous ponctués d’événements médiatiques et grand public.

Justement, l’occasion a été donnée récemment à quelques supports de presse du globe de découvrir en plein cœur de l’usine de Flins en France plus d’une vingtaine de déclinaisons de la fameuse R5 issue de la collection de la marque. Et cerise sur le gâteau, quelques exemplaires ont pu également être essayés par les journalistes. Ambiance nostalgie.

«Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre», pourrait-on dire aujourd’hui pour évoquer la Renault 5. Certains se souviendront, peut-être, lors du lancement du modèle de son regard espiègle et mutin rapidement devenu aussi culte que la voiture elle-même. Dès 1972, année de sa sortie, Renault a personnifié le regard de la R5 dans «Les aventures de Supercar», un dessin animé publicitaire concocté par l’agence Publicis et censé promouvoir le lancement commercial du modèle.

Bouclé en 1967, le cahier des charges de la Renault 5 s’avérait minimaliste : «le projet 122» stipulait qu’il devait reprendre la même définition générale que celui de la R4, mais avec une carrosserie plus agréable. Les premières esquisses sont nées sous le crayon du designer Michel Boué, mais c’est Gaston Juchet et le bureau de style de la marque qui vont poursuivre et finaliser la silhouette de la R5.

Ses traits bien équilibrés, ses couleurs pimpantes (orange vif, jaune citron, vert salade) venant agrémenter aussi bien la carrosserie que la sellerie, lui donnent une allure jeune, moderne, dynamique, ce qui s’avérait inédit à l’époque. Et ce n’est pas tout, car l’engin faisait preuve de beaucoup d’ingéniosité avec, entre autres, de gros boucliers en plastiques qui ont remplacé les traditionnels pare-chocs. Sur le plan technique, la R5 a repris les suspensions, le quatre-cylindres de 36 chevaux et la boîte de vitesses de la R4.

Côté cibles, la R5 visait un public de jeunes, mais aussi de femmes. Précisément, dès la première année de commercialisation du modèle, 31% des acheteuses ont été des femmes et 35% des jeunes de moins de 30 ans.

Faut-il souligner que la diversification de la gamme fût pour beaucoup dans le succès de la R5. Après les classiques versions L et TL à moteur de 4L, Renault a mis sous le capot de la R5 d’autres mécaniques ayant fait les beaux jours de modèles comme la R8, voire la R12. 

Un cocktail détonnant qui a permis à la Renault 5 de surfer sur la vague du succès, devenant en 1974 la voiture la plus vendue en France. Et pour cause ; comme elle était peu gourmande en carburant, elle résista parfaitement au premier choc pétrolier de 1973.

En 1977, Renault lance la R5 GTL, une version facilement reconnaissable puisqu’elle inaugure les fameuses protections latérales en plastique. Apparait courant 78 un modèle de luxe, la TX, disponible en option avec une boîte de vitesses automatique. Une transmission qui permettra à la firme au losange de partir à la conquête des États-Unis avec la R5 Le Car. Le succès ne fût hélas pas au rendez-vous.

Une petite sportive de caractère

En 1976, Renault dégaine la R5 Alpine qui s’est vue animée par un quatre-cylindres essence de 1 390 cm3 qui délivre 90 chevaux. De quoi venir jouer des coudes avec une autre concurrente de taille et qui depuis a creusé son sillon, à savoir la Volkswagen Golf GTI. Évoquer la Renault 5 Alpine, c’est aussi faire référence à une petite «bombinette» concocté par la division sportive de Renault. En effet, la Renault 5 Alpine Groupe 2 s’est illustrée de fort belle manière dès le rallye Monte-Carlo de 1978.

Le pilote Jean Ragnotti associé à Jean-Marc Andrié son copilote, et leurs équipiers Guy Fréquelin et Jacques Delaval, sont parvenus à hisser sur la deuxième et troisième marche du podium leurs engins, au nez et à la barbe de bolides beaucoup plus puissants dont les Porsche 911 et autres Fiat 131 Abarth. Ce fut d’ailleurs le début d’une belle série qui s’est poursuit en 1979avec une belle 2ème place de Ragnotti au Tour de Corse.

Mais en matière de sportives de caractère, et plus exactement de voiture de rallyes, la marque au losange ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Elle dévoile au Salon de Paris de 1978 la Renault 5 Turbo identifiable à ses ailes arrière bodybuildées et ses grosses sorties d’air, qui témoignent d’une cavalerie de belle facture pour l’époque blottie dans le coffre (un 1,4 litre de 160 chevaux). La Renault 5 Turbo ne cessera d’évoluer, devenant Turbo 2 en 1983 puis 5 Maxi deux ans plus tard. Des modèles que feront virevolter avec succès sur circuit, mais aussi sur les routes du Championnat de France et du Championnat du monde des rallyes plusieurs pilotes dont l’inoubliable Jean Ragnotti.

 C’est en 1984 que Renault lance une deuxième génération de son modèle phare. La carrosserie a été revue, mais l’allure générale demeure préservée. Rebaptisée Supercinq, la nouvelle Renault s’est mise également diesel. C’est en février 1985 qu’a été dévoilé la Renault Supercinq est proposée dans une déclinaison sportive : la GT Turbo, motorisée par un 1,4 litre turbocompressé de 115 puis 120 chevaux.

Et demain une R5 100% électrique ?

Révélée début 2021, la Renault 5 Prototype qui préfigure un futur modèle électrique héritier de la R5, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Il faut dire que ses designers ont réinterprété avec brio le style originel de la version de 1972. Ce concept préfigure un modèle de série qui succédera à la Zoé en 2024, en tant que citadine électrique. Esthétiquement, elle s’inspirera de la Renault 5 originelle avec un design néo-rétro et reposera sur la plateforme CMF-BEV, avec une architecture de traction. Son moteur aura une puissance de 100 kW (136 chevaux) et son autonomie devrait atteindre environ 400 km.

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