Au Maroc, le padel ne cesse de gagner du terrain. Il envahit les clubs de sport à Casablanca, Rabat, Tanger ou Marrakech, attire aussi bien les jeunes actifs que les cadres en quête de loisir, et fait même de l’ombre à certains sports installés comme le tennis. Mais une question revient souvent parmi les pratiquants de plus de 50 ans : peut-on encore progresser quand on n’a plus 20 ou 30 ans ? Peut-on, à cet âge-là, franchir un palier, affiner son jeu, ou même débuter sérieusement ? La réponse, selon Andoni Bardasco, est limpide : oui, à condition de le vouloir et de le faire intelligemment.
Ancien joueur professionnel du World Padel Tour (ex-top 25 mondial) et fondateur de Padel Stuff, un centre de stages basé à Bilbao, en Espagne, Bardasco accueille régulièrement des joueurs marocains venus affiner leur jeu. Pour lui, l’âge n’est pas un frein, mais une variable à intégrer dans une approche structurée et adaptée. « Oui, on peut progresser à tout âge, mais encore faut-il le faire intelligemment. Le padel n’est pas un sprint, c’est un jeu de placement, d’anticipation et de lecture. Et cela, ça se travaille même à 60 ans. »
Une large partie de ces nouveaux adeptes au Maroc sont d’anciens passionnés de tennis, parfois éloignés des terrains depuis des années, qui trouvent dans le padel un second souffle sportif. Mais ils ne sont pas seuls. On croise de plus en plus de femmes, séduites par l’aspect ludique et social du jeu, ainsi que des débutants complets : des joueurs qui, jusqu’ici, n’avaient échangé que quelques balles à la plage, dans un esprit de détente estivale. Le padel, grâce à ses règles simples et sa dynamique accessible, parvient à réunir tous ces profils sur un même terrain, avec une progression rapide à la clé.
Physiquement, bien sûr, certaines limites apparaissent avec l’âge : les articulations sont sollicitées — genoux, hanches, dos — et la récupération est plus lente. Mais le padel permet aussi un autre type de jeu : plus posé, plus stratégique, avec des trajectoires réfléchies plutôt que des frappes puissantes. Ce qu’il faut, c’est adapter l’entraînement à son âge, mais aussi à son profil. Un joueur senior qui comprend vite et qui joue malin peut battre des jeunes plus athlétiques mais désorganisés.
C’est là qu’intervient la notion de “culture padel”, chère à Bardasco : « Ce n’est pas une question de technique, c’est une vision globale du jeu : comment monter au filet, comment faire un lob efficace, comment se positionner en défense. » C’est cette culture-là qui fait progresser, même quand on débute tardivement. Il ne faut donc pas partir défaitiste. Ce qui compte, ce n’est pas l’âge inscrit sur votre carte d’identité, mais votre état d’esprit.
Une pédagogie structurée, une vraie envie de comprendre, et un engagement adapté font des merveilles. De nombreux joueurs marocains qui flirtent avec la barre des 50 ans s’entraînent régulièrement dans les clubs locaux. Ils évoluent, affinent leur style, et surtout prennent un plaisir renouvelé à se retrouver sur le terrain. Le padel devient pour eux un espace de défi, mais aussi de convivialité et de progression continue.
Alors, si vous vous demandez s’il est trop tard pour progresser… la réponse est non. Il est peut-être juste temps de s’y mettre sérieusement.