Dans la récente production de Netflix, « Alexander: The Making of a God », nous plongeons dans l’histoire épique d’Alexandre le Grand, dont la vie se transforme de prince exilé à empereur d’un empire s’étendant de la Grèce à l’Asie centrale. Produite par des noms notables de l’industrie, tels que Lucy Beek et Nick Catliff, avec Tony Mitchell à la barre de la réalisation, cette série tente d’apporter un éclairage nouveau sur le parcours légendaire de cette figure historique. La narration se veut une fusion intrigante entre drame historique et exploration archéologique, notamment grâce aux travaux de Calliope Limneos-Papakosta sur la tombe d’Alexandre.
Le documentaire tente de naviguer au sein des complexités culturelles et politiques de l’époque d’Alexandre, tout en s’efforçant de rester fidèle aux découvertes historiques et archéologiques. Les contributions des historiens enrichissent le récit, offrant des perspectives éclairées sur les zones d’ombre de l’histoire d’Alexandre, entre hypothèses et faits avérés.
Cependant, la série ne parvient pas totalement à éviter certains écueils, notamment en ce qui concerne la représentation des réalités culturelles diverses de l’époque. Le choix de présenter Alexandre avec des traits occidentalisés suscite des critiques, reflétant une tendance à filtrer l’histoire ancienne à travers le prisme de l’eurocentrisme moderne. Cette approche risque de simplifier à outrance la riche tapestrie culturelle qui caractérisait la Méditerranée et le Moyen-Orient antiques.
La dichotomie Est-Ouest, soulignée par la série, semble être une rémanence d’une perspective orientaliste, ne rendant pas justice à la complexité et à l’interpénétration des cultures de l’époque d’Alexandre. En dépit de ses tentatives de se distancer de ces perceptions, le récit semble par moments renforcer les stéréotypes plutôt que de les déconstruire.
« Alexander: The Making of a God » apporte néanmoins une contribution notable à la compréhension d’Alexandre le Grand, en tentant de nuancer la figure du conquérant avec celle d’un homme en quête de savoir et de divinité. Toutefois, en s’efforçant d’humaniser Alexandre, la série manque parfois de convaincre totalement de sa transformation en figure quasi-divine. Cette lacune narrative empêche de saisir pleinement la dimension de la croyance en sa propre divinité, qui a joué un rôle crucial dans sa quête de conquête et dans sa gouvernance.
En conclusion, bien que la série offre un aperçu fascinant de la vie d’Alexandre le Grand, elle est empreinte d’une certaine ambivalence. Elle navigue entre la volonté de démythifier et celle de célébrer le personnage, tout en luttant contre les courants d’une historiographie teintée d’eurocentrisme. Le défi de représenter fidèlement les nuances culturelles et historiques de l’époque d’Alexandre demeure, invitant à une réflexion plus profonde sur la manière dont nous interprétons et racontons l’histoire des figures emblématiques de l’Antiquité.