Elles ont sillonné les routes du pays comme des héroïnes modestes, discrètes et pourtant omniprésentes. Au Maroc, les vieilles Mercedes ne sont pas de simples voitures : elles incarnent tout un pan de l’histoire sociale, un décor commun aux récits familiaux, aux voyages interminables, aux scènes de rue qui restent gravées dans la mémoire collective. L’association Tatmin, en collaboration avec l’Ambassade d’Allemagne, l’a bien compris en lançant un concours photo dédié à ces icônes mécaniques, invitant les Marocains à raconter, à travers l’image, la place unique qu’elles occupent dans l’imaginaire national.
L’initiative se distingue par son approche sensible : il ne s’agit pas de capturer la beauté mécanique d’un modèle vintage, mais d’en révéler l’âme. Une Mercedes poussiéreuse à l’ombre d’un souk, un taxi fatigué sur la route de province, une voiture familiale devenue personnage secondaire des souvenirs d’enfance… Chaque participant peut soumettre jusqu’à trois photos, d’hier comme d’aujourd’hui, accompagnées d’un court texte apportant le contexte ou l’émotion qui lui donne tout son sens. Cette dimension narrative transforme le concours en un véritable exercice de mémoire partagée.
Réservé aux résidents du Maroc, l’événement prend une dimension encore plus symbolique : il célèbre à la fois un patrimoine informel et un lien historique entre le pays et la marque allemande. Là où d’autres verraient de vieilles carcasses, Tatmin voit des archives vivantes, des témoins silencieux du quotidien marocain. En fixant la date de clôture au 31 janvier 2026, l’association laisse le temps aux amoureux de ces silhouettes indestructibles de fouiller leurs albums, leurs ruelles ou leurs routes pour retrouver ces vestiges chaleureux d’un Maroc qui continue d’évoluer sans jamais renier ses images fondatrices.
Au-delà du concours et des prix à gagner, c’est une célébration de la nostalgie, de la culture et de ce dialogue inattendu entre une voiture et un pays qui se dessine. Une manière délicate de rappeler qu’au Maroc, certaines Mercedes n’ont pas seulement transporté des passagers : elles ont transporté des histoires.