Lahcen Zinoun s’est envolé

by La Rédaction

Lahcen Zinoun, un esprit en perpétuelle chorégraphie, s’est envolé, laissant derrière lui un sillage d’inspiration et de beauté qui perdurera à travers les générations. Comme une étoile dans le firmament de la danse, il a tracé sa trajectoire avec une détermination sans faille, brisant les barrières et insufflant une ardeur nouvelle au patrimoine dansé marocain.

   

Né dans l’effervescence de Hay Mohammedi, Zinoun a été touché par la grâce de la musique, qui l’a appelé à travers les fenêtres du Conservatoire de Casablanca, une mélodie qui allait définir le rythme de son existence. Il a choisi de danser, non pas comme un acte de rébellion, mais comme une déclaration d’amour à l’art dans sa forme la plus pure. Son parcours l’a mené jusqu’à s’élever comme danseur étoilé en Belgique, où quelques-uns des plus grands chorégraphes se sont inspirés de sa puissance et de sa grâce, mais son cœur est resté fidèle à sa patrie.

Revenant au Maroc, Zinoun n’a pas seulement partagé son amour de la danse avec le public; il a revivifié l’âme des danses traditionnelles, leur donnant une nouvelle dimension, une nouvelle raison d’être. Avec Michèle Barette, sa complice de vie, il a fondé le Ballet-Théâtre Zinoun, un creuset où ont éclos de nombreux talents, y compris ses fils, Jaïs, lauréat du 1er prix de Lausanne en 1988 et soliste au San Francisco Ballet, et Chems-Eddine, danseur au Ballet royal de Flandre à Anvers puis au Ballet du Nord en France

Mais sa quête d’expression ne s’est pas arrêtée à la danse. Le septième art lui a aussi ouvert ses portes et sa sensibilité chorégraphique a enrichi de multiples films tels que « La Dernière Tentation du Christ » de Martin Scorsese, « Un Thé au Sahara » de Bernardo Bertolucci, « Les Beaux jours de Shéhérazade » de Mostafa Derkaoui, « L’Ombre du pharaon » de Souheil Ben Barka, pour n’en citer que quelques-uns.

De la danse aux écrans, Lahcen Zinoun était un poète du mouvement, un conteur dont le corps parlait la langue universelle de l’émotion. Son spectacle, « Flagrant délire », a voyagé au-delà des frontières, devenant un hymne culturel célébré en Europe et en Afrique, établissant un dialogue artistique entre les continents.

Ses réalisations cinématographiques, « Assamt », « Piano », « Faux Pas », « Oud Al’ward’ » et « Femme écrite », sont des fenêtres ouvertes sur son âme, chaque film une fresque où il peint avec des ombres et des lumières les complexités de la condition humaine. De retour à la danse, il signe « Farhat Doukkala » qui sublime l’identité musicale et les chants d’une région et d’un patrimoine qu’il fera voyager dans plusieurs pays européens. C’est à la même époque, en 2014, que la Fondation BMCI, en soutenant la publication du livre-hommage  « Lahcen Zinoun ou le corps libéré », honore non seulement l’homme mais aussi l’immense contribution culturelle qu’il a apportée à la société. Son autobiographie, « Le rêve interdit », achevée en 2020, est une fenêtre sur l’âme d’un homme qui a vécu non seulement pour la danse mais aussi pour l’humanité.

Lahcen Zinoun était un libérateur du corps et de l’esprit, façonnant son héritage comme on sculpte une œuvre d’art. Le patrimoine qu’il nous laisse est un trésor national, une ode à la persévérance, à la passion et à la puissance transformatrice de l’art. Sa vie, un ballet majestueux dont chaque pas, chaque envolée, chaque tourbillon est gravé dans la mémoire collective. Lahcen Zinoun, le danseur, le chorégraphe, le cinéaste, le formateur et l’inspirateur, continue de vivre à travers les pas de ceux qu’il a formés, à travers les œuvres qu’il a créées, et à travers les barrières qu’il a brisées. Son existence est une mosaïque de moments de pure création artistique, de luttes contre les préjugés, et de célébration de l’art dans sa capacité à unir et à émouvoir.

Il s’est envolé, à nous de continuer à danser et à créer, en écho à son esprit indomptable

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