Il n’est jamais aisé de dire adieu à ceux qui ont façonné l’histoire d’un pays. Le samedi 21 juin 2025, le Maroc a perdu une figure de proue de son développement économique : Abderrahmane Bennani Smires. À travers ses multiples engagements, tant dans la sphère publique que privée, il laisse derrière lui un legs d’une rare richesse, forgé par une vision audacieuse, un sens du devoir inébranlable et une foi profonde en l’avenir du Royaume.
Juriste de formation, il fait ses premières armes dans les années 1950 au sein de l’administration, notamment dans les ministères de la Santé et de la Justice. Une école du service public qui lui ouvre les portes d’une carrière exceptionnelle dans l’univers entrepreneurial. Mais c’est à la tête de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc, entre 1988 et 1994, qu’il impose sa marque avec éclat. Durant ces années charnières, il impulse une dynamique nouvelle au patronat marocain : ouverture régionale, appui aux réformes économiques, et surtout, une volonté affirmée d’ancrer le dialogue social comme pilier de la modernisation économique.
Pionnier dans l’âme, il ne s’arrête pas là. Dans l’univers des boissons, il révolutionne le marché à travers la société SIM, lançant des marques locales comme Hawaï et Pom’s, tout en introduisant des géants internationaux tels que Pepsi, Schweppes et 7up au Maroc. Puis, dans les années qui suivent, il se tourne vers la finance avec Crédor, société de crédit à la consommation qui participera à démocratiser l’accès au financement pour les ménages marocains. Il prendra ensuite la tête de l’Association Professionnelle des Sociétés de Financement (APSF), incarnant une voix forte pour un secteur en plein essor.
Fidèle à son esprit d’avant-garde, il entame à partir de 2007 une nouvelle aventure dans l’hospitalité de luxe avec la création d’Elite Hospitality Management. Ce projet aboutira à la naissance du Selman Marrakech, palace raffiné et célébré, symbole d’un Maroc élégant et tourné vers le tourisme haut de gamme. À travers ce joyau, il conjugue passion pour les chevaux et excellence hôtelière, marquant une fois de plus son époque.
Au-delà de ses succès économiques, Abderrahmane Bennani Smires était également un homme profondément engagé sur le plan social. En tant que président de l’association Al Ihssane, il œuvrait en faveur des enfants sans soutien familial, fidèle à sa conviction que la grandeur d’un pays se mesure aussi à la manière dont il protège les plus vulnérables.
Le Maroc perd ainsi bien plus qu’un entrepreneur : un bâtisseur, un penseur stratégique, un homme de cœur. Son héritage vivra dans les institutions qu’il a façonnées, les projets qu’il a initiés, et l’inspiration qu’il continuera d’incarner pour les générations futures.
