Frank Caprio n’était pas un magistrat comme les autres. Derrière sa robe noire se cachait une humanité rare, une capacité à voir l’individu avant la faute, et une manière de rendre la justice qui a bouleversé des millions de spectateurs. Décédé à 88 ans après un long combat contre un cancer du pancréas, celui que l’on surnommait le « juge au grand cœur » laisse derrière lui bien plus qu’une émission de télévision : un héritage moral.
Né en 1936 dans une famille italo-américaine, Caprio a grandi avec le sens des valeurs familiales et communautaires. C’est au sein de la cour municipale de Providence, dans le Rhode Island, qu’il a bâti sa réputation. Mais c’est surtout grâce à son émission « Caught in Providence », lancée au début des années 2000, qu’il est devenu une figure mondiale. À travers des affaires du quotidien, il a su transformer des audiences souvent banales en leçons de compassion et d’humanité. Les vidéos de ses verdicts, largement partagées sur Internet, ont touché un public bien au-delà des frontières américaines.
Ses décisions, empreintes de clémence, n’étaient pas de la faiblesse, mais une autre manière de penser la justice. Quand il offrait un billet à un justiciable démuni ou réduisait une amende pour un vétéran, il rappelait que derrière chaque infraction se cache une histoire, souvent douloureuse. Parmi les séquences marquantes, l’acquittement d’un homme de 96 ans verbalisé pour excès de vitesse reste gravé dans les mémoires. Le vieil homme expliquait devoir conduire son fils malade à ses soins. Caprio, ému, avait conclu : « Vous incarnez les valeurs de l’Amérique ».
Sa famille a rendu hommage à sa foi inébranlable dans la bonté des gens et invité chacun à honorer sa mémoire par plus d’empathie et de compréhension. En un temps où la justice est souvent perçue comme froide et implacable, Frank Caprio a montré que l’on pouvait juger sans oublier d’aimer.