Il avait déjà surpris tout le monde sur 800 m. Il a confirmé en patron sur 1 500. À seulement 20 ans, le Tunisien Ahmed Jaouadi a frappé un grand coup lors des Championnats du monde de natation 2025 à Singapour, en s’offrant un doublé inédit qui propulse sa carrière dans une autre dimension. Dans une finale relevée disputée ce dimanche 3 août, il a remporté l’or en 14 min 34 s 41, au terme d’une course à suspense où il a fini par prendre le dessus sur l’Allemand Sven Schwarz et l’Américain Bobby Finke, pourtant champion olympique en titre.
Ce deuxième sacre mondial en une semaine marque l’éclosion d’un phénomène. Si le début de course l’a vu naviguer prudemment en cinquième position, Jaouadi a su parfaitement gérer son effort. C’est après 1 000 mètres qu’il a pris l’initiative, s’installant en tête devant Schwarz avant de faire définitivement la différence dans les 100 derniers mètres. Une démonstration de sang-froid et de maturité pour un nageur qui, il y a encore deux ans, n’était pas considéré comme un sérieux prétendant aux podiums mondiaux.
Formé en Tunisie mais désormais entraîné par l’exigeant Philippe Lucas, Jaouadi illustre une nouvelle génération de nageurs africains prêts à s’imposer au plus haut niveau. L’entraîneur français, connu pour ses méthodes rigoureuses, a trouvé en lui un diamant brut à polir. Et le résultat est spectaculaire : après un titre sur 800 m où il avait déjà frôlé les sommets (avec un chrono de 7 min 36 s 88, troisième performance de l’histoire hors combinaisons), ce deuxième titre mondial vient valider tout un travail de fond.
Si Jaouadi avoue une légère déception de ne pas avoir battu le record du monde du 1 500 m, il sait que ce doublé est un tremplin. « Ce n’est que le début. J’ai 20 ans. Ces victoires vont m’apprendre », confiait-il avec humilité. Son aisance à s’exprimer, sa sérénité après l’effort, et sa capacité à gérer la pression d’un grand rendez-vous montrent qu’il a tout d’un futur très grand.
Avec Jaouadi, la Tunisie confirme son statut de terre de fond et de champions : après Mellouli et Hafnaoui, c’est une troisième génération dorée qui s’impose dans les bassins. Et plus largement, c’est toute la natation africaine qui se prend à rêver d’un avenir au sommet.