On pouvait s’attendre à des excès de luxe, à des dorures baroques, à un carton qui crie la démesure d’un empire Amazonien. Mais à la place, c’est une invitation presque bricolée qui a fuité : un carton à l’esthétique douteuse, orné de colombes, d’étoiles filantes, de gondoles et même du pont du Rialto — un mélange visuel maladroit entre clipart et carte postale de fin de vacances.
Jeff Bezos et Lauren Sanchez, en route vers leur union vénitienne qui se poursuit jusqu’à demain 28 juin, ont surpris leur monde. Non pas par un geste philanthropique — le couple a refusé les cadeaux et incité aux dons pour trois institutions culturelles de Venise — mais par cette invitation déconcertante, qui semble provenir d’un vieux dossier Microsoft Word. Selon CNN, certains ont comparé les illustrations aux images génériques de la bibliothèque Word, soulignant le décalage entre le pouvoir financier du couple et le résultat visuel jugé amateur.
Alors que leur arrivée à Venise provoque des manifestations locales contre le tourisme de luxe, le contraste entre ambition mondiale et design approximatif n’a pas échappé aux critiques sur les réseaux sociaux. Le minimalisme assumé ? Ou une indifférence manifeste à l’égard des conventions esthétiques du luxe ?
Derrière cette apparente simplicité se cache peut-être la logique des “tech bros” : habitude de l’efficacité, de la discrétion esthétique, voire d’une certaine flemme stylisée. Jeff Bezos, souvent vu en jeans et polos, n’a jamais été un parangon de raffinement vestimentaire. Mais pour une célébration de cette ampleur, la barre était naturellement placée haut — et cette invitation a clairement manqué son envol.
Comparée aux grandes heures de la papeterie royale (comme les aquarelles féériques du couronnement de Charles III ou les gravures de tradition anglaise pour les noces de Harry et Meghan), la carte Bezos-Sanchez fait pâle figure. Et tandis qu’à Paris, Dior envoie des assiettes en porcelaine avec des œufs roses collés pour teaser un défilé, l’invitation du couple le plus scruté du moment laisse un goût d’inachevé.
Dans un monde où l’invitation est souvent le premier acte de mise en scène, un signal de l’univers que l’on s’apprête à traverser, celle-ci a manqué de panache. Reste à voir si la cérémonie elle-même corrigera ce faux départ esthétique. Après tout, même un empire peut avoir ses jours de mauvais design.
