Karim Ramzi, entrepreneur passionné et visionnaire, nous dévoile les coulisses du tout premier Marrakech Coffee & Tea Festival, une initiative audacieuse qui ambitionne de faire de Marrakech la capitale panafricaine du café et du thé. À travers cet événement culturel et économique d’envergure, il défend une vision inclusive de l’Afrique, unie par la transmission, l’innovation et les rituels partagés. Un entretien fort, entre héritage, diplomatie culturelle et foi dans l’avenir.
Challenge : Vous êtes le fondateur et président du tout premier « Marrakech Coffee & Tea Festival ». D’où vous est venue cette idée ?
Karim Ramzi : L’idée est née d’une conviction profonde : le Maroc, bien qu’il ne soit pas producteur de café ou de thé, est porteur d’une tradition millénaire de convivialité, d’hospitalité et de rituels de dégustation. En tant que fondateur d’Hesperis® Coffee à Marrakech, j’ai été immergé au cœur du monde du café de spécialité. J’ai voyagé dans plusieurs pays producteurs de café, visité tous les grands festivals du monde et observé de près les dynamiques culturelles et économiques de ce secteur vibrant. Cette expérience m’a donné la légitimité et la perspective nécessaires pour créer un événement de cette ampleur. Ce festival, qui se tiendra du 1er au 3 novembre 2025, ambitionne de devenir le plus grand rendez-vous du genre sur le continent africain.
Challenge : Que représente ce festival pour le Maroc et pour l’Afrique ?
K.R. : C’est bien plus qu’un salon. C’est une vitrine continentale et internationale du savoir-faire marocain, une scène où se croisent diplomatie culturelle, innovation, traditions et excellence artisanale. Nous construisons une forme de diplomatie parallèle, Nord-Sud et Sud-Sud, dans un monde en quête de ponts plutôt que de murs. Nous oublions parfois que nous avons plus de 2 000 ans d’histoire, à une époque où l’Europe vivait encore dans l’obscurantisme. Nous avons aussi oublié la sauvegarde de notre patrimoine immatériel, que nous devons raviver à tout moment. Si aujourd’hui nous consommons des épices, du thé ou encore du café, c’est bien le signe que nous avons toujours été ouverts sur le monde. Au temps des Saâdiens, le Maroc était l’un des plus grands producteurs de sucre, reconnu pour sa qualité et exporté vers l’Europe, notamment vers l’Espagne, le Portugal, l’Italie et même l’Angleterre. C’était une époque où le sucre était considéré comme un luxe rare et convoité en Europe.
Challenge : Quels seront les temps forts de cette première édition ?
K.R. : Plus de 400 exposants issus de plusieurs pays seront présents. Nous attendons plus de 30 000 visiteurs, nationaux et internationaux. Le programme propose plus de 100 conférences, séminaires et ateliers, ainsi que notre premier championnat national de barista, le Moroccan Coffee & Tea Master. Des cérémonies traditionnelles seront également au rendez-vous, sans oublier l’art de la table, la pâtisserie, le chocolat et les plantes médicinales. Et puis, cette première édition coïncide avec les 50 ans de la Marche Verte. Le 1er novembre, nous ouvrirons le festival avec un grand concert populaire en plein air, réunissant artistes, figures médiatiques et culturelles, en hommage solennel à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Serviteur de notre cause nationale, pour son engagement constant en faveur du développement du Sahara marocain et du rayonnement du Royaume à l’échelle internationale.
Challenge : Le festival innove aussi avec un Hackathon. Quel est son objectif et pourquoi avoir choisi ce format ?
K.R. : Ce Hackathon inédit rassemblera start-up, étudiants, porteurs d’idées, développeurs et experts pour développer des solutions innovantes dans les domaines de la digitalisation, de la durabilité et de l’expérience client. Il s’agit d’une compétition collaborative qui vise à faire émerger des projets concrets à fort potentiel économique et d’impact, tout en connectant les porteurs d’idées aux dispositifs d’accompagnement et aux acteurs économiques régionaux. Il devrait mobiliser des partenaires publics et privés désireux de s’engager aux côtés des talents émergents.
Challenge : Vous insistez souvent sur la dimension éducative. Pourquoi est-ce si central ?
K.R. : Nous sommes un peuple curieux, cela fait partie de notre ADN. Nous avons exploré le monde, et nous avons été exposés à d’autres civilisations. Aujourd’hui, le Maroc affirme son leadership en Afrique : il innove, éduque et investit dans des secteurs clés comme les énergies renouvelables, la finance, l’agro-industrie ou encore les infrastructures. Il exporte son savoir-faire en éducation, en santé et en digitalisation à l’échelle du continent. L’Afrique regorge de richesses, mais manque encore de plateformes pour transmettre, former et sensibiliser. Le festival répond à cette nécessité : il éduque en divertissant. Nous voulons bâtir une communauté consciente, en connectant les gens à travers une expérience vivante, sensorielle et engageante.
Challenge : Et Marrakech dans tout cela ?
K.R. : Marrakech n’est pas seulement une ville touristique ou spirituelle. Elle devient, avec cet événement, la « capitale panafricaine du café et du thé ». Elle incarne ce Maroc qui accueille, relie, inspire. C’est là que se tisse une nouvelle page d’un récit africain inclusif, créatif et résolument tourné vers l’avenir.
Challenge : Un dernier mot ?
K.R. : Ce festival est un acte de foi. Il s’adresse aux bâtisseurs de ponts, aux amoureux des cultures, aux porteurs de paix. Et j’espère que chacun y trouvera sa tasse d’humanité. Quant à moi, je ne suis que son humble serviteur. Le festival est comme un enfant qui apprend à marcher : il fait ses premiers pas, trébuche parfois, mais avance avec espoir. Il grandira grâce à tous ceux qui y croient et qui l’aident à se tenir debout dans la lumière.