Entre toiles et pellicules : Hicham Benouhoud brouille les pistes à la galerie Khalid Fine Arts

by La Rédaction

D’aujourd’hui 26 avril au 25 mai 2025, la galerie Khalid Fine Arts à Marrakech devient le théâtre d’un face-à-face subtil et captivant entre deux médiums que l’on oppose souvent à tort : la peinture et la photographie. À travers l’exposition Peinture (-) Photographie, l’artiste marocain Hicham Benouhoud livre une œuvre en diptyque, une réflexion à la fois formelle et conceptuelle sur ce qui relie et sépare l’image capturée de l’image construite.

Répartie sur deux niveaux, l’exposition invite le visiteur à une expérience en deux temps. En bas, l’huile sur toile règne. Dans cette série récente, Benouhoud s’éloigne du réalisme documentaire qui marquait certaines de ses œuvres photographiques pour plonger dans une matière dense et introspective. Les gestes y sont amples, parfois bruts, toujours habités. Ce travail pictural, aux frontières du figuratif et de l’abstraction, interroge le vide, l’absence et les silences sociaux — comme autant d’échos aux corps autrefois photographiés, maintenant dilués dans la texture picturale.

   

À l’étage, c’est la rigueur du regard photographique qui prend le relais. Mais loin d’un simple retour à la documentation, les clichés de Benouhoud interrogent l’espace, le cadre et la posture. Le corps humain, souvent mis en scène avec une grande précision formelle, y devient à la fois sujet et objet d’étude. Dans ce dialogue silencieux avec les toiles exposées en contrebas, la photographie révèle une autre strate de la pensée plastique de l’artiste : celle du contrôle, de la répétition, de l’image pensée comme langage.

Avec Peinture (-) Photographie, Hicham Benouhoud n’oppose pas deux disciplines, il les confronte, les met en tension, mais surtout les fait résonner. Ce titre, en apparence arithmétique, agit comme une équation ouverte : qu’en reste-t-il, lorsque l’on retire la photographie de la peinture, ou la peinture de la photographie ? Ce questionnement, loin d’être purement théorique, trouve sa réponse dans la scénographie fluide de l’exposition et dans la cohérence intellectuelle d’une œuvre qui n’a de cesse de repousser les limites.

   

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