Alors que le Vatican se prépare à un conclave décisif à partir du 7 mai pour élire le successeur du pape François, le nom de Cristóbal López Romero, cardinal et archevêque de Rabat, se fraie un chemin dans les cercles spéculatifs. Une rumeur qui, bien que accueillie avec modestie par l’intéressé, ne laisse pas indifférent tant elle symbolise un pont inattendu entre Rome et le Maroc, terre musulmane où le cardinal espagnol incarne un visage de l’Église ouvert au dialogue.
Né en 1952 en Andalousie, López Romero est un homme de terrain et de mission. Membre des Salésiens de Don Bosco, il a longuement exercé en Amérique latine, notamment au Paraguay, avant d’être envoyé au Maroc en 2003. Nommé archevêque de Rabat en 2017 puis cardinal en 2019 par le pape François, il incarne une Église de la périphérie, soucieuse des plus vulnérables, notamment des migrants subsahariens souvent oubliés des grands récits ecclésiaux.
C’est précisément cette expérience marocaine qui lui confère une aura singulière. Dans un pays où l’islam est religion d’État, son action a toujours été marquée par une volonté de dialogue interreligieux, de respect mutuel et d’humilité. Des valeurs particulièrement mises en avant lors de la visite historique du pape François au Maroc en 2019. Cette capacité à bâtir des ponts, à faire Église en minorité, à tenir une parole claire dans un environnement culturellement éloigné de Rome, fait de lui un profil respecté au sein du collège cardinalice.
Mais à ceux qui évoquent une possible élection, le cardinal répond avec humour et franchise : « Il faut être fou pour vouloir être pape. » Une déclaration qui tranche avec l’ambition silencieuse qu’on prête parfois aux « papabili ». Il affirme ne pas se sentir « à la hauteur » et préfère insister sur la mission collective de l’Église plutôt que sur les titres individuels.
Son nom reste pourtant inscrit parmi les 135 électeurs appelés à voter au prochain conclave, et dans cette assemblée secrète, rien n’est jamais totalement prévisible. Si les chances qu’un archevêque de Rabat devienne pape restent minces, elles révèlent néanmoins une transformation silencieuse de l’Église : une ouverture vers les marges, une attention nouvelle aux figures issues des périphéries géographiques et spirituelles.
Le cardinal López Romero, sans chercher les projecteurs, incarne cette Église en sortie chère à François. Et si Rabat ne devient pas Rome, le Maroc peut déjà s’enorgueillir d’avoir offert au monde catholique une figure rare, humble et profondément moderne.