Un finish qui fait drapeau : à Chamonix, Yu Biao transforme l’OCC en tribune

by La Rédaction

Ce week-end de clôture de l’UTMB a offert ses images d’exploit et d’épuisement, mais aussi un geste qui a bousculé la routine des arrivées. Jeudi, lors de l’OCC (61 km, 3 400 m D+), le Chinois Yu Biao a franchi la ligne à Chamonix avec un drapeau palestinien accroché dans le dos. Quelques secondes plus tôt, il s’était couvert la bouche et la gorge de ses mains, visiblement rougies, pour dénoncer le silence autour du drame humanitaire à Gaza — une scène captée puis massivement relayée sur les réseaux.

Le contexte mérite d’être précisé, tant l’émotion a parfois brouillé les détails : l’action s’est déroulée à l’OCC, première des trois finales de l’UTMB, et non sur la course reine de 174 km. Yu Biao a terminé 95e en 6 h 31 min 17 s, environ une heure et demie après le vainqueur du jour, l’Américain Jim Walmsley. Ce classement est secondaire, tant l’image, répétée en boucle, a marqué les esprits par sa simplicité et sa charge symbolique. 

   

Dans une semaine où l’on célèbre d’ordinaire la performance pure, ce finish transformé en manifeste rappelle que la course en montagne n’est pas un vase clos. L’UTMB, vitrine mondiale du trail, fédère des coureurs venus de plus de cent nationalités, chacun arrivant avec ses histoires et ses convictions. Quand l’effort se mue en prise de parole, la ligne d’arrivée devient une scène : celle d’un sport qui, comme d’autres, laisse parfois filtrer la gravité du monde.

Le reste du week-end n’a pas manqué de relief sportif. Samedi, la Néo-Zélandaise Ruth Croft a remporté l’UTMB en 22 h 56 min 23 s, signant une page d’histoire, tandis que chez les hommes Tom Evans a triomphé sur la grande boucle — deux victoires qui confirment la densité d’un millésime disputé dans des conditions rudes. Mais, à côté des lauriers, l’instant Yu Biao restera comme l’autre cliché fort de cette édition : celui d’un coureur qui, au moment précis où l’on reprend son souffle, a choisi de le retenir pour dire ce qui l’étouffe.

   

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