Il suffit d’un échange pour mesurer combien Leonel Daniel « Tolito » Aguirre dégaine la palette complète des artistes : amortie masquée, volée rétro, bandeja qui fuse comme un trait de peinture vive. À 27 ans, le droitier de Buenos Aires pointe désormais au 32ᵉ rang mondial FIP et aligne plus de 300 000 abonnés sur Instagram, preuve que son panache séduit bien au-delà des murs de verre. Même Paquito Navarro, pas avare en superlatifs, l’a rangé parmi les « nouveaux showmen à suivre ».
Depuis janvier, « Tolito » dispute son premier calendrier complet sur Premier Padel : trente rencontres, un bilan à l’équilibre et des coups d’éclat à Cancún, Gijón puis Malaga, où sa paire avec Alex Chozas a renversé un huitième de finale de 2 h 20 pour rallumer les tribunes. Ses associations se font et se défont – Javi Garrido en juin, Chozas aujourd’hui – mais chaque nouveau binôme cherche la même étincelle : laisser à l’Argentin le crayon libre pour redessiner les angles.
La Toile, elle, collectionne ses trick-shots comme des croquis de maître : compilations YouTube visionnées des millions de fois, reels Instagram où il s’assoit en plein point avant de jaillir pour contrer un smash, hashtags #TolitoMagic qui pullulent dès qu’un commentateur crie « ¡Qué locura! ». Dans un sport parfois formaté, Aguirre rappelle qu’un point peut devenir tableau, qu’un court de 20 × 10 m peut servir de toile vivante.
Derrière l’esbroufe, le joueur mène pourtant un combat plus intime : soumis depuis des années à un traitement aux corticoïdes, il admet devoir « encore perdre du poids pour gagner en puissance ». Les fluctuations physiques compliquent sa quête de constance, mais son récent régime express – six kilos envolés depuis mars – atteste d’une détermination que les adversaires commencent à craindre autant que ses amorties.
Si la courbe de forme suit celle de son imagination, le « Picasso du padel » pourrait bientôt troquer les coups d’éclat viraux contre des trophées majeurs. Et prouver qu’au-delà des highlights, l’art peut aussi se mesurer en points, en titres… et en rangs qui grimpent.