Shinsuke Sakimoto, l’ombre derrière les 10 millions de dollars du sac Birkin

by La Rédaction

Il y a les enchères spectaculaires, les records qui affolent les chiffres… et puis il y a les intentions, souvent plus subtiles, qui les sous-tendent. Le 10 juillet dernier, le monde découvrait avec stupéfaction que le tout premier Birkin, celui de Jane Birkin elle-même, venait d’être acquis pour 10 millions de dollars. Ce que l’on savait moins, c’est qui se cachait derrière ce geste. Aujourd’hui, nous rencontrons Shinsuke Sakimoto, PDG de Valuence Holdings Inc., et architecte discret mais visionnaire de cette opération aussi symbolique que stratégique.

Loin des projecteurs habituels de la mode, Sakimoto incarne une autre idée du luxe : exigeante, humaniste, presque méditative. À la tête d’un empire japonais du luxe de seconde main, il revendique une mission : redonner aux objets une valeur culturelle, une continuité. Et c’est cette quête qui a guidé son choix d’acquérir le sac le plus iconique du XXe siècle. “Ce n’était pas une opération spéculative. C’était un acte de responsabilité”, affirme-t-il d’emblée.

   

Avec Valuence, Sakimoto a bâti un modèle rare : celui d’une entreprise cotée, implantée dans 15 pays, qui manie à la fois joaillerie, montres rares, art et accessoires, mais toujours dans une optique circulaire. “Nous ne revendons pas le passé. Nous le prolongeons.” Le Birkin originel, devenu depuis quelques jours pièce de musée privée, n’est pas destiné à être revendu. “Nous voulons le préserver, le montrer, le raconter. C’est un objet-passerelle entre le patrimoine et le futur du luxe.”

Derrière cette vision se dessine un personnage singulier. À 44 ans, Sakimoto conjugue rigueur japonaise et ouverture internationale. Il parle de luxe comme d’un langage universel, mais aussi d’un outil de transmission. “Je n’ai pas acheté un sac ; j’ai voulu honorer une mémoire.” Pour lui, Jane Birkin n’est pas seulement une muse : elle est une figure culturelle, un lien entre générations, entre cultures, entre esthétiques.

Son engagement pour la durabilité n’est pas qu’un slogan. Le rachat de ce Birkin est pensé comme un manifeste : contre l’éphémère, contre la pure spéculation, contre l’oubli. “Nous sommes entrés dans une nouvelle ère du luxe. Une ère où posséder ne suffit plus. Il faut comprendre, respecter, transmettre.” En cela, Sakimoto ne se contente pas de bouleverser le marché de la revente ; il le redéfinit en profondeur.

Avec cette acquisition, il ne s’offre pas seulement une place dans l’histoire de la mode, mais bien un rôle dans sa réécriture. Et à en croire sa sérénité déterminée, ce n’est que le début.

   

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