Le 8 septembre 2023 à 23h11, le Maroc a connu l’une des nuits les plus sombres de son histoire récente. Un séisme d’une magnitude de 6,8 a frappé de plein fouet la province d’Al-Haouz et les montagnes du Haut Atlas, laissant derrière lui un paysage de désolation et un peuple meurtri. Deux ans plus tard, en ce 8 septembre 2025, l’émotion reste intacte, et la mémoire collective se tourne à nouveau vers ces instants tragiques.
En un souffle, des villages entiers se sont effondrés. Les maisons de terre, héritage architectural de générations, n’ont pas résisté aux secousses. Plus de 2 900 vies ont été fauchées, plus de 5 600 personnes blessées, et d’innombrables familles brisées. Cette nuit-là, au-delà de la terre, c’est tout un pays qui a vacillé. Les enterrements collectifs, les visages marqués par le deuil et les ruines dispersées dans les vallées sont restés gravés comme des blessures que rien ne peut effacer.

La réponse fut immédiate : les secours se sont mobilisés, la solidarité nationale a pris corps, et l’aide internationale s’est déployée. Des dons, des vivres, des bras venus de tout le royaume ont tenté d’apaiser l’urgence. Mais si la générosité a été immense, elle n’a jamais pu combler l’absence de ceux qui sont partis. Le Maroc s’est alors soudé dans la douleur, révélant une fraternité qui demeure aujourd’hui une source de force et de dignité.
Deux ans plus tard, les stigmates du drame sont encore palpables. Dans les montagnes d’Al-Haouz, les ruines cohabitent avec les chantiers de reconstruction, symboles d’un présent encore suspendu entre mémoire et avenir. Certains villages reprennent vie autour d’habitations plus solides, construites pour résister aux secousses futures, tandis que d’autres restent marqués par l’attente, les promesses non encore tenues et l’absence criante des disparus. La reconstruction matérielle progresse, mais à un rythme inégal, et elle ne suffit pas à guérir les blessures invisibles.
Au-delà des pierres relevées, c’est la vie sociale qui cherche à se réinventer. Les enfants reprennent le chemin de nouvelles écoles provisoires ou fraîchement inaugurées, les marchés se rouvrent, et les prières collectives continuent de rythmer la mémoire. Chaque 8 septembre, les cérémonies du souvenir rappellent que la cicatrice est toujours vive. Pour les familles endeuillées, le temps n’a pas effacé la douleur, mais il a transformé le chagrin en une force discrète : celle de rester debout malgré tout.
Dans cette mémoire partagée, le Maroc trouve une source de résilience. Deux ans après, les habitants d’Al-Haouz ne portent pas seulement le deuil, ils portent aussi une détermination : bâtir un avenir où la tragédie ne sera pas oubliée, mais deviendra le socle d’une société plus solidaire et plus forte face aux épreuves. La douleur est encore là, mais elle s’accompagne d’un espoir, celui de voir renaître ces montagnes blessées, sans jamais trahir la mémoire des disparus.