Chaque époque forge ses enfants à son image. Au Maroc comme ailleurs, les générations se succèdent, se côtoient, parfois se questionnent, chacune façonnée par un monde différent. Les uns ont grandi avec la patience du courrier papier, les autres avec la vitesse des notifications. Pourtant, tous partagent un même espace : celui d’un pays en pleine transformation, où tradition et modernité cherchent un équilibre durable.
La génération X, née entre 1965 et 1980, a grandi à une époque de transitions : crises économiques, débuts de la mondialisation, apparition de la télévision de masse et des premiers ordinateurs. Pragmatique et travailleuse, elle valorise la stabilité, la rigueur et l’expérience. Elle s’est adaptée avec mesure à la révolution numérique, conservant un rapport réfléchi à la technologie, qu’elle utilise avant tout comme un outil d’efficacité.
La génération Y, ou Millennials, née entre 1981 et 1996, incarne le passage à l’ère digitale. Curieuse, mobile et ouverte sur le monde, elle a été marquée par les débuts d’Internet, la montée des réseaux sociaux et la mondialisation des idées. Plus collaborative et moins hiérarchique, elle cherche avant tout un équilibre entre vie professionnelle et épanouissement personnel. Sa force réside dans sa créativité et sa capacité à innover tout en s’adaptant à l’incertitude économique.
Puis vient la génération Z, celle qui façonne aujourd’hui les nouveaux codes culturels et numériques. Née après 1997, elle n’a jamais connu un monde sans écrans ni réseaux. Elle s’exprime de façon spontanée, directe et visuelle, à travers des vidéos, des stories ou des plateformes communautaires. Portée par des valeurs d’authenticité, d’inclusion et de respect de l’environnement, cette jeunesse se distingue par son agilité, son ouverture et son désir de participer activement à la vie sociale et économique du pays.
Au Maroc, cette génération s’affirme de plus en plus comme un acteur à part entière. Le mouvement « Gen Z 212 », apparu récemment dans plusieurs villes, en est une illustration marquante. Né en ligne, il ne s’inscrit pas dans les schémas classiques d’expression publique. Pas de leader, pas de parti, juste une génération qui veut être entendue. Sans être dans l’opposition ou la rupture, elle réclame une place, une écoute, un avenir à la hauteur de son énergie et de ses attentes. Elle cherche le dialogue, à sa manière : plus spontanée, plus numérique, moins formelle. Cette approche, inédite mais pacifique, traduit surtout une volonté d’appartenance et de contribution à la construction d’un Maroc moderne et inclusif.
Enfin, la génération Alpha, née après 2013, grandit déjà dans un environnement où l’intelligence artificielle, la réalité augmentée et les outils numériques font partie du quotidien. Ces enfants apprennent, communiquent et découvrent à travers des supports interactifs, développant une aisance naturelle avec la technologie. Leurs repères sont différents, mais leur potentiel est immense : ils seront les bâtisseurs d’un Maroc encore plus innovant et connecté.
Chaque génération apporte ainsi sa pierre à l’édifice. La génération X incarne la sagesse et l’expérience, la Y la créativité et l’équilibre, la Z l’énergie et la vision nouvelle, tandis que l’Alpha représente l’avenir technologique. Le véritable enjeu pour le Maroc n’est pas de les opposer, mais de les faire dialoguer. Car c’est dans cette rencontre entre héritage et modernité que se dessine le visage d’un pays prêt à embrasser l’avenir avec confiance.