Dans l’univers fermé de la Formule 1, chaque place sur la grille est une conquête. Pour Isack Hadjar, cette conquête a une saveur toute particulière. À seulement 19 ans, le jeune Franco-Algérien ne s’est pas contenté de percer dans l’élite du sport automobile : il est devenu, selon Esquire Middle East, le tout premier pilote de F1 arabe de l’histoire. Une entrée fracassante, mais encore trop discrète aux yeux de celui qui incarne pourtant un tournant historique.
Né à Paris de parents algériens, Hadjar découvre le karting à cinq ans en suivant les traces de son père, passionné amateur. Quinze ans plus tard, il signe ses débuts remarqués avec Racing Bulls à Melbourne, en mars 2025, dans un championnat dominé par les titans que sont Verstappen ou Hamilton. Il y inscrit ses premiers points avec une solidité qui détonne pour un rookie, se mesurant sans complexe à ses coéquipiers Yuki Tsunoda et Liam Lawson.
Mais au-delà des chronos, c’est la portée symbolique de sa présence sur la grille qui frappe. « Je ressens que je représente deux pays. Je suis le premier pilote arabe de la planète à accéder à la Formule 1. C’est énorme, mais c’est passé inaperçu, personne ne s’en soucie », confie-t-il avec franchise à Reuters. Une parole directe, sincère, à l’image d’un jeune homme conscient de sa position unique, sans pour autant chercher à jouer un rôle de porte-étendard.
Il n’empêche : pour toute une jeunesse arabe qui rêve d’émancipation et de reconnaissance, Hadjar devient, qu’il le veuille ou non, une figure à suivre. « La preuve que tout est possible à force de travail et à condition d’y croire », dit-il. Un message qui dépasse la piste.
Chez Red Bull, le mentor Helmut Marko ne tarit pas d’éloges à son égard : « Hadjar est la surprise de la saison. Il est calme et toujours là. C’est un grand gaillard qui promet l’avenir. » Lui-même avait autrefois surnommé le jeune pilote « Petit Prost », en clin d’œil au légendaire Alain Prost. Une comparaison flatteuse qu’Hadjar accueille avec fierté, tout en revendiquant une conduite cérébrale, héritée de l’éducation paternelle : « Réfléchir quand on conduit, faire la différence hors de la voiture. »
Premier d’un monde arabe encore absent des paddocks, Hadjar n’a ainsi pas seulement franchi une ligne de départ : il a ouvert un sillon. Et dans ce sport où tout va vite, le jeune homme pourrait bien devenir, bientôt, une évidence.