Musée Villa Harris, lumière picturale sur Tanger

by La Rédaction

Nichée en pleine avenue Mohamed, la Villa Harris de Tanger renaît de ses cendres et se transforme en un magnifique musée plein de sens. Aux confins de la Méditerranée, des œuvres ont trouvé refuse dans le nouveau musée du Détroit de Gibraltar. Un écrin de beauté inauguré par Othman El Ferdaous, Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Mehdi Qotbi, Président de la Fondation Nationale des Musées sous le regard bienveillant du donateur principal : El Khalil Belguench.

« Ce ne sont pas mes œuvres, ce sont les œuvres des Tangérois » s’écrit humblement El Khalil Belguench, donateur des œuvres qui ornent les murs du nouveau musée de Tanger : Le Musée Villa Harris. Un nouvel espace muséal qui vient enrichir le Détroit de Gibraltar et donner vie à son passé artistique, dans les murs d’un lieu historique. « Imaginée et construite à la fin du XIXe siècle par le britannique Walter Burton Harris, journaliste – envoyé spécial du journal The Times, la villa siège face à la Méditerranée, mère de nombreuses civilisations. La villa a résisté au temps, aux guerres et aux occupations pour être, aujourd’hui, le témoin d’un riche héritage culturel et patrimonial légué aux générations futures ». Abandonnée depuis 20 ans, la Villa Harris a été rénovée et réhabilitée en 2017.

Lumières et couleurs de son temps

Pour sublimer l’histoire de la Villa Harris, son musée est un voyage en quatre temps. L’on travers les couloirs comme on traverserait les années, les courants, les vies antérieures. On passe de l’orientalisme au moderne, du moderne au contemporain, la rupture avec l’esthétique traditionnelle, de comment la lumière de Tanger a inspiré les artistes. D’ailleurs, la première pièce met en avant la fascination des peintres occidentaux pour la ville comme Jacques Majorelle, Edy-Legrand, Claudio Bravo, Jacques Veyrassat. L’on passe ensuite au talent marocain qui a cotoyé les étoiles comme Mohammed Ben Ali R’bati avec le britannique John Lavery, Mohamed Ben Allal avec Jacques Azéma, ou Ahmed Yacoubi qui a développé un style picturale singulier après avoir été découvert par Paul Bowles et par la suite Francis Bacon, sans oublier Mohamed Hamri qui, en s’infiltrant dans le cercle anglosaxon de Tanger, alors zone internationale, a pu se tisser des amitiés artistiques fructueuses comme celle avec Brion Gysin. Il s’agit également de la période des premiers artistes marocains ayant bénéficié d’une formation artistique à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Tétouan initiée par le pionnier de l’enseignement académique de l’art au Maroc Mariano Bertuchi. Beaucoup d’artistes issus de l’Ecole de Tétouan vont révolutionner le paysage artistique marocain des années 60, 70 comme Mohamed Melehi, Mekki Mghara, Mohamed Chebâa, qui subliment une troisième partie de l’exposition révélatrice d’une période où la diversité des approches plastiques offre une belle école au Maroc. C’est la période des grands maîtres de la peinture marocaine comme Jilali Gharbaoui et Ahmed Cherkaoui, le Groupe de Casablanca avec Melehi, Belkahia, Chebâa, Hamidi, Hafid, Nabili, auxquels s’ajoute par la suite une deuxième vague d’artistes comme Miloud Labied, Fouad Bellamine, Abdelkébir Rabi’, Fatima Hassan, Mustapha Boujemaaoui, Mohamed Kacimi, Drissi et autres. Le voyage se termine sur les œuvres contemporaines qui « reflètent le caractère éclectique de l’art marocain ainsi que les expérimentations esthétiques qu’offrent les nouveaux supports de création. C’est une période où les artistes tendent à s’affirmer en tant qu’individus indépendants de toute contrainte idéologique avec des projets artistiques à vocation universelle ».

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