Mohamed Hamidi, la couleur en héritage : adieu à un maître de la modernité marocaine

by La Rédaction

C’est un silence ému qui s’est abattu sur la scène artistique marocaine et internationale à l’annonce du décès de Mohamed Hamidi. Peintre d’une rare sensibilité, bâtisseur de formes et d’émotions, il laisse derrière lui plus de six décennies d’une œuvre puissante, vibrante et profondément humaine. Hamidi n’était pas seulement un artiste : il était un passeur, un guide, un poète de la couleur et du rythme, dont chaque toile semblait dialoguer avec la vie elle-même.

Né en 1941 à Casablanca, formé entre le Maroc et Paris, Mohamed Hamidi fut l’un des pionniers de la modernité plastique au Maroc. Cofondateur de l’École de Casablanca, il a contribué à faire basculer la peinture marocaine dans une ère nouvelle, ouverte sur l’abstraction, la mémoire et le geste. Avec lui, les symboles et les signes se sont libérés des conventions, pour devenir des territoires d’exploration, mêlant la tradition à une modernité enracinée. Son travail, d’une vitalité inépuisable, a su transformer la matière, le corps et la nature en véritables espaces de respiration.

   

Mais au-delà du créateur, ceux qui l’ont côtoyé pleurent un homme d’une immense humilité et d’une générosité rare. Dans son atelier, tout était dialogue : entre la matière et la lumière, entre les générations, entre les cultures. Hamidi savait écouter, transmettre, encourager. Il inspirait par sa bienveillance autant que par sa rigueur, incarnant cette idée que l’art n’est pas un langage élitiste, mais un lieu d’échange et de liberté.

Aujourd’hui, ses œuvres continuent de parler pour lui. Elles rayonnent encore, rappelant que peindre, pour Hamidi, c’était célébrer le monde dans toute sa complexité et sa beauté. Son héritage, immense et vivant, continuera d’inspirer celles et ceux qui croient en la puissance de l’art comme un espace d’émancipation et de partage. Le Maroc perd un maître, mais l’histoire de son art, elle, gagne une éternité.

   

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