Adieu la discrétion feutrée des grandes fortunes. L’été 2025 confirme une tendance spectaculaire : chez les ultrariches, le mariage n’est plus seulement une affaire privée — c’est une mise en scène planétaire, une démonstration assumée de richesse et d’influence. Dans cette nouvelle Belle Époque, le luxe silencieux a cédé la place à une ostentation décomplexée. Et chaque robe, chaque yacht, chaque story Instagram devient un levier de pouvoir.
Le mariage de Jeff Bezos et Lauren Sánchez à Venise en juin dernier a donné le ton. Cérémonie au cœur de la Sérénissime, invités transportés en taxis nautiques ouverts, robe dévoilée sur Instagram dans une série de clichés calibrés pour le buzz. Vogue a même consacré un reportage exclusif à l’essayage final de la mariée. De la fête d’engagement à Paris au voyage de noces, chaque étape a été capturée, commentée, partagée. Et avec eux, une liste d’invités plus people qu’un tapis rouge : les Kardashian, Leonardo DiCaprio, Bill Gates, Barry Diller…
Mais Bezos et Sánchez ne sont pas seuls dans cette mise en scène du statut. Quelques semaines plus tôt, Alex Soros, fils du magnat George Soros, épousait Huma Abedin dans les Hamptons, en présence des Clinton, de Kamala Harris, de Jimmy Fallon et de Jennifer Lawrence. Un autre mariage à huis clos médiatique… mais à portes grandes ouvertes sur les réseaux. Et l’année précédente, Anant Ambani et Radhika Merchant donnaient une leçon de grandeur aux quatre coins de l’Inde, dans un déploiement de faste qui avait déjà marqué les esprits — et saturé les flux Instagram.
Ce retour assumé du spectacle milliardaire rappelle les extravagances de la Gilded Age américaine, à la fin du XIXe siècle, quand Thorstein Veblen inventait le terme de « consommation ostentatoire ». À cette époque aussi, une élite restreinte concentrait une richesse colossale, et s’en servait pour affirmer sa suprématie sociale à coups de bals, de mariages princiers et de palais grandioses.
Aujourd’hui, les réseaux sociaux démultiplient cette logique. Le mariage ne se mesure plus au nombre de convives devant l’église, mais au nombre de vues sur Instagram. L’explosion virale du mariage Ambani a montré la voie. Et chaque union de centimilliardaire devient un outil stratégique : visibilité, influence, capital social. Même si cela suscite la critique — comme à Venise, où des habitants ont protesté contre les festivités Bezos —, le pouvoir de l’image reste intact.
Et il y a, derrière cette exposition, une volonté claire de brouiller les frontières entre fortunes privées et célébrités mondiales. L’objectif n’est plus seulement d’être riche, mais d’être reconnu comme tel, à l’échelle planétaire. Car aujourd’hui, dans le jeu des puissants, la fortune ne suffit plus. Il faut qu’elle soit vue.