Un vent venu d’Essaouira a soufflé fort sur Paris cette année. Le MOGA Festival, ce rendez-vous électro à l’âme nomade et intimiste, a décroché le prestigieux prix du Meilleur Événement International (moins de 15 000 personnes) aux Heavent Paris Awards 2025, référence européenne en matière d’événementiel. Un sacre retentissant pour un concept marocain qui, presque en silence, s’est imposé comme un repère incontournable de la scène musicale alternative.
Né en 2016 dans les ruelles ventées de la cité des Alizés, le MOGA n’a jamais été un festival comme les autres. Pensé comme une passerelle entre musique électronique, art de vivre local et expériences culturelles immersives, il a su trouver une voix singulière, loin des standards des grands rendez-vous électroniques. En 2021, le concept a pris une nouvelle dimension en s’exportant à Costa da Caparica, sur la côte portugaise. Mais c’est bien cette fidélité à son essence — une communion entre modernité et traditions — qui lui vaut aujourd’hui cette reconnaissance internationale.
Ce prix, décerné à Paris, récompense bien plus qu’une organisation sans faille ou une programmation pointue. Il consacre une vision : celle d’un Maroc créatif, audacieux, capable d’exporter ses festivals non seulement comme produits culturels, mais comme ambassadeurs d’une destination. Les organisateurs mettent d’ailleurs en avant cette ambition d’un tourisme durable et innovant, où la fête s’aligne avec le respect des territoires et des communautés qui les accueillent.
Pour Essaouira, ce trophée agit comme une loupe braquée sur son potentiel encore sous-estimé. La ville, déjà classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, prouve qu’elle peut être bien plus qu’une halte touristique pittoresque : un laboratoire d’idées, un terrain fertile pour les croisements culturels, et désormais, une scène mondiale de l’électro chic et éthique.
Si cette consécration donne des ailes au MOGA, elle pose aussi la question de l’équilibre : comment grandir sans se trahir ? Comment préserver l’intimité et l’ancrage local tout en répondant à une demande internationale croissante ? Les prochaines éditions seront décisives. Mais une chose est sûre : avec cette reconnaissance, le Maroc n’a pas seulement gagné un prix — il a affirmé sa place dans le circuit des événements culturels qui comptent.
