Il fallait bien une lettre pour symboliser ce moment d’histoire. Ce sera un Z. Z comme Zabiri. Z comme Zénith. Z comme la génération qui n’a plus peur de gagner. Au cœur d’un tournoi que beaucoup pensaient encore hors de portée, le Maroc a terrassé les géants du football mondial : Espagne, Brésil, France, Argentine. Rien que ça. Et en finale, un doublé signé Yassir Zabiri – futur slogan d’un football marocain désormais décomplexé, mature, patriote, déterminé – est venu graver dans le marbre un premier sacre historique au Mondial U20. “Don’t cry for me Argentina”, murmurait l’hymne jadis… mais à Santiago, ce sont bien les Lionceaux qui ont donné le ton. Deux buts, zéro concession, et une équipe argentine renvoyée au vestiaire, sans voix, sans victoire, sans consolation.
Mais derrière ce coup de tonnerre, il y a une météo parfaitement anticipée. Le triomphe des Lionceaux n’est pas un hasard heureux, c’est le fruit d’un plan minutieux, lancé il y a plus de quinze ans sous l’impulsion directe de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. L’Académie Mohammed VI de Football, joyau posé à Salé, n’a jamais été une simple école de ballon rond. C’est un écosystème, une fabrique de talents, un cocon où l’on conjugue excellence sportive et exigence académique. Cette victoire, c’est aussi celle d’une vision royale lucide et structurée, qui a choisi d’investir dans le long terme plutôt que dans les effets d’annonce.
Le plus impressionnant ? Ce Maroc‑là ne s’est pas contenté de battre les meilleurs. Il les a dominés. Il a plié l’Espagne, fait tomber la France, renvoyé le Brésil dans ses filets, et désarmé l’Argentine en finale. Plus qu’un trophée, c’est un plafond de verre qui a volé en éclats. Pendant trop longtemps, on s’est contenté de demi‑finales et de “beaux parcours”. Désormais, le Maroc vise juste, vise haut… et touche sa cible.
Et que dire de l’autre perle du tournoi, Othmane Maamma – étincelant de régularité, élu meilleur joueur du Mondial (Golden Ball) : lui aussi, pur produit de la formation nationale. Tout comme l’ensemble du staff technique mené par l’entraîneur marocain Mohamed Ouahbi – pas de recette importée, c’est un savoir‑faire local, assumé, peaufiné, victorieux.
La consécration s’est accompagnée de scènes de liesse à la hauteur de l’exploit : Casablanca, Fès, Marrakech, mais aussi Paris, Doha ou Dakar – partout, les drapeaux rouges ont embrasé la nuit. Jusqu’à l’aube, le peuple a dansé, pleuré, chanté. Et dans un geste aussi symbolique que spontané, Achraf Hakimi, capitaine de la sélection A, a lui‑même salué ses jeunes héritiers en vidéo, comme un passage de témoin entre deux générations promises à l’Histoire.
Cette victoire ne doit donc rien à la chance. Elle doit tout à une politique sportive méthodique, à une génération de talents façonnée dans le moule national, et à une fierté retrouvée. C’est le Maroc du mérite, le Maroc de l’ambition, le Maroc qui gagne. Et qui, désormais, s’y habitue. D’ailleurs, à quelques mois d’un autre grand rendez‑vous continental à domicile, cette jeunesse dorée vient de poser la barre très haut. Très, très haut.






