Chaque année, la ville suisse de Bâle se transforme en capitale mondiale de l’art contemporain avec la tenue d’Art Basel, rendez-vous majeur qui attire collectionneurs, critiques et amateurs venus des quatre coins du globe. Cette année, un vent nouveau a soufflé sur les allées du salon : des artistes marocains y ont brillé d’une visibilité inédite, porteurs d’un souffle créatif à la fois audacieux, jeune et profondément enraciné.
Non loin de l’événement principal, deux autres foires d’envergure ont participé à cette effervescence artistique : Photo Basel, consacré à la photographie contemporaine, et Africa Basel, jeune mais prometteuse vitrine dédiée à l’art africain. Dans ces espaces, plusieurs talents marocains se sont imposés comme figures montantes de la scène artistique internationale. Une présence significative, qui dépasse le simple symbole pour devenir véritablement politique : elle interroge, interpelle et célèbre une diversité longtemps restée dans l’ombre.
Parmi les artistes sélectionnés à Art Basel, Mbarek Bouhchichi, Sara Ouhaddou et Meriem Bennani — cette dernière distinguée par un prix lors des Art Basel Awards — ont affirmé la maturité conceptuelle d’une scène marocaine contemporaine en pleine ébullition. Du côté d’Africa Basel, Yacout Hamdouch, Amine Asselman, Malika Sqali et Sanae Arraqas ont, chacun à leur manière, proposé un regard singulier sur les identités africaines, mêlant engagement social et esthétique raffinée.
Mais c’est à Photo Basel que la diversité des voix marocaines s’est exprimée avec une force particulière. La nomination d’Imane Djamil pour le prestigieux Maurice de Mauriac Award, aux côtés des travaux poignants de Seif Kousmate et M’hammed Kilito, témoigne de la reconnaissance croissante du travail photographique venu du sud de la Méditerranée. Des récits d’exil, d’appartenance, de mémoire et de territoire, portés avec une acuité qui séduit bien au-delà des frontières nationales.
Ce moment de visibilité mondiale n’est pas anodin. Il reflète une dynamique nouvelle où l’art marocain s’affirme comme une voix essentielle de la scène contemporaine mondiale. L’émergence de jeunes artistes, la reconnaissance institutionnelle et les dialogues interculturels qu’ils suscitent sont autant de pas vers une meilleure représentation des perspectives nord-africaines. À Bâle, cette année, le Maroc n’était pas seulement invité — il était attendu, écouté et célébré.