La question n’est plus théorique. Avec 50,5 °C enregistrés à Silopi, dans le sud-est de la Turquie, en ce mois de juillet 2025, l’humanité semble atteindre les confins de sa propre tolérance thermique. La température, qualifiée de record national absolu, s’ajoute à une longue série de pics extrêmes constatés ces dernières années aux quatre coins du globe. Une tendance qui inquiète autant les climatologues que les médecins.
Car si la planète peut s’échauffer à son rythme, le corps humain, lui, a ses limites. Selon des études menées par l’université de Roehampton au Royaume-Uni, le seuil critique pour l’organisme se situe entre 40 et 50 °C. Au-delà, les fonctions vitales s’érodent : le système cardiovasculaire entre en surchauffe, la transpiration n’assure plus un refroidissement efficace, et le « stress thermique » provoque nausées, vertiges, voire pertes de conscience. À long terme, ce sont les reins, le cerveau et le cœur qui en paient le prix.
Les cas se multiplient. En Inde, la ville de Phalodi a frôlé les 51 °C en mai 2024. Au Pakistan, Turbat avait enregistré un suffocant 54 °C en 2017. Ces extrêmes ne sont plus des anomalies ponctuelles, mais des signaux durables du dérèglement climatique. Des conditions qui ne sont tout simplement plus viables pour l’homme, surtout lorsque l’humidité s’en mêle et empêche l’évaporation de la sueur — notre principal mécanisme de refroidissement.
Les femmes et les hommes ne sont pas égaux face à ces vagues de chaleur. Les premières, souvent dotées d’un IMC plus bas, montrent une sensibilité plus marquée aux effets physiologiques. Les seconds, avec une sudation plus abondante, courent un plus grand risque de déshydratation rapide. L’âge, la condition physique, mais aussi l’accès aux infrastructures (climatisation, eau potable, lieux climatisés) deviennent alors des facteurs de survie.
Derrière ces chiffres étourdissants, ce qui se profile, c’est une question éthique et politique : comment adapter nos sociétés à un monde où certaines régions pourraient devenir invivables quelques semaines par an, voire durablement ? Ce n’est plus seulement l’environnement qui est en jeu, mais l’habitabilité même de certaines zones de la planète.
Face aux 50 degrés de Silopi, aux 54 degrés de Turbat ou aux 48 degrés de New Delhi, une réalité se dessine : le corps humain n’a pas été conçu pour ces chaleurs. Et pourtant, il devra désormais composer avec elles.