Tout semble prêt pour la grande fête continentale. Les stades flambant neufs, les rampes d’accès pensées pour tous, les ascenseurs, les sièges réservés aux accompagnateurs : le Maroc a investi dans des infrastructures exemplaires, où l’accessibilité des personnes en situation de handicap semblait enfin devenir une évidence. Mais à la veille de la CAN 2025, une absence bien plus discrète vient troubler le tableau. Une case manquante. Un onglet invisible. Et avec lui, une série de citoyens laissés en attente.
Sur les réseaux sociaux, une chronique publiée par Jad Benhamdane, directeur de banque et écrivain — et à travers lui, de nombreuses personnes concernées — a suscité un écho réel. Il ne s’agit pas ici d’un point de vue individuel, encore moins d’un reproche ciblé, mais d’un appel collectif et responsable adressé aux parties prenantes : la Confédération Africaine de Football, Wanaut, ainsi que l’ensemble des structures impliquées dans la billetterie du tournoi. L’intention est claire : faire émerger une solution concrète à un obstacle silencieux, mais fondamental.
Ce qui est demandé n’est pas un avantage, mais un cadre. L’accessibilité ne peut plus être réduite à un vœu pieux ou à une variable technique. Elle commence dès l’interface de réservation, là où un onglet absent peut suffire à fermer l’accès à des milliers de personnes. Or, les règlements de la CAF eux-mêmes soulignent cette contradiction : il y est stipulé que le titulaire d’un billet “handicap” doit présenter une attestation. Fort bien. Mais encore faut-il que ces billets existent, qu’ils soient identifiables, disponibles, accessibles. À quoi bon exiger la preuve d’un droit d’accès à ce qui, dans les faits, n’est pas en vente ?
Le constat est d’autant plus troublant que la preuve du possible existe. Lors de précédents matchs de la sélection nationale, la plateforme WeBook avait bien activé une rubrique Accessibilité, claire et fonctionnelle, avec un tarif symbolique et la gratuité accordée à l’accompagnateur. L’exemple est là : les outils sont disponibles, les précédents existent, la faisabilité est prouvée. Reste à la reproduire au bon moment, pour le bon public.
Ce n’est donc pas la polémique que cherchent ceux qui s’expriment aujourd’hui. C’est la présence. Celle des citoyens souvent absents des photos officielles, parce qu’aucun chemin ne leur a été balisé. L’objectif n’a jamais été de désigner des fautifs, mais d’inviter à agir, à transformer une remarque en geste utile, à prouver par les faits que l’inclusion n’est pas un principe abstrait, mais une réalité construite.
À l’approche d’un événement qui veut rassembler tout un continent, il est encore temps. Ouvrir l’onglet, c’est ouvrir la voie — vers une CAN qui n’oublie personne.