Jodie Foster découvre, malgré elle, la magie De Niro

by La Rédaction

Il y a des rencontres qui changent une carrière, et d’autres qui, d’abord, déconcertent totalement. Celle de Jodie Foster et Robert De Niro appartient aux deux catégories à la fois. Lors d’une conversation récente au Marrakech Film Festival, l’actrice est revenue avec une franchise amusée sur son tout premier contact avec la star de Taxi Driver, alors qu’elle n’avait que douze ans. À l’époque, loin d’être fascinée, elle l’avait trouvée « vraiment inintéressant ». Un aveu surprenant, presque irrévérencieux, mais qui raconte mieux que tout la manière si singulière dont De Niro s’immerge dans ses rôles.

Elle se souvient de ces déjeuners silencieux sur le tournage, où elle observait cet homme plongé dans une sorte de mutisme, apparemment peu disposé à faire la conversation. L’enfant qu’elle était ne comprenait pas encore les méandres du jeu immersif : elle se demandait ce qui se passait, quand tout cela finirait et, surtout, quand elle pourrait rentrer chez elle. Rien, dans ces premiers instants, ne laissait penser qu’elle allait trouver en De Niro un mentor, si discret soit-il.

   

Puis, au fil de leurs rencontres, quelque chose a changé. Lors de leur troisième déjeuner, l’acteur a commencé à lui dévoiler ses méthodes, presque accidentellement : l’improvisation comme outil, la manière d’aborder une scène de l’intérieur, le travail invisible qui précède chaque mouvement. En quelques échanges, un voile s’est levé. Foster a compris que son partenaire n’était pas distant : il était habité par son personnage, et elle, sans le savoir, assistait à la démonstration vivante de ce que pouvait être le véritable jeu d’acteur.

Cette révélation, confie-t-elle, a littéralement ouvert ses yeux. L’idée qu’il ne s’agissait pas seulement de dire un texte, mais de l’habiter, de le ressentir, de le laisser se transformer en vérité palpable. Une leçon fondatrice qui, rétrospectivement, éclaire son évolution vers une actrice d’une rare intensité, capable d’explorer des rôles toujours plus complexes, toujours plus intérieurs.

Racontée des décennies plus tard, cette anecdote ressemble presque à une fable hollywoodienne : une jeune actrice face à un géant du cinéma, d’abord perplexe, puis éveillée à une nouvelle dimension de son art. Mais tout, dans sa simplicité, dit l’essentiel. Parfois, les grandes transmissions se font sans discours héroïques, sans éclat — juste autour d’une table, entre deux silences, dans la patience d’un acteur qui laisse l’autre trouver sa propre lumière.

   

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