À 81 ans, Jimmy Cliff laisse le reggae orphelin mais éternel

by La Rédaction

Il était bien plus qu’une légende du reggae : Jimmy Cliff était une passerelle vivante entre la soul jamaïcaine et l’âme du monde. À 81 ans, il s’est éteint des suites de complications liées à une crise d’épilepsie et à une pneumonie, comme l’a annoncé sa femme Latifa Chambers sur Instagram. Cette disparition marque la fin d’un chapitre crucial de l’histoire musicale caribéenne, mais l’écho de son œuvre continue de vibrer sur les scènes et dans les cœurs.

Avec une humilité tranquille, Latifa Chambers a tenu à remercier les fans, la famille et les équipes médicales qui ont accompagné l’artiste tout au long de sa vie. Elle a également demandé que l’intimité de la famille soit respectée durant cette période de deuil. Une requête empreinte de la dignité qui a toujours accompagné Jimmy Cliff, homme de musique et de convictions.

   

Né dans les collines de Somerton, en Jamaïque, Cliff – de son vrai nom James Chambers – a rapidement trouvé dans la musique un langage universel. Dès son adolescence, il signait ses premières compositions. Mais c’est avec des titres comme “You Can Get It If You Really Want”, “Many Rivers to Cross” et surtout “The Harder They Come” qu’il a transcendé les frontières. Ce dernier morceau, devenu emblématique grâce au film du même nom dans lequel il joue, a fait découvrir au monde entier l’âme du reggae et les luttes sociales de la Jamaïque des années 1970.

L’œuvre de Jimmy Cliff n’est pas qu’un répertoire musical : c’est une cartographie de l’émotion collective. Ses chansons parlent de résilience, d’injustice, d’amour et d’espoir. Et c’est peut-être cette capacité à capter l’universel dans les douleurs et les joies du quotidien qui lui a valu une place au Rock and Roll Hall of Fame en 2010, ainsi que l’Ordre du Mérite jamaïcain, l’une des plus hautes distinctions du pays.

Les hommages n’ont pas tardé à pleuvoir, depuis les rues de Kingston jusqu’aux timelines du monde entier. Le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness l’a salué comme “un géant culturel dont la musique portait l’esprit de la nation”. Les fans, eux, ont partagé leurs souvenirs, leurs émotions, leurs gratitudes, en ligne : “Le son de mon enfance”, “Un monument de paix et de puissance”, ou encore “Rest in Powa, Jimmy”.

Au-delà de la musique, son rôle dans The Harder They Come a permis de montrer que le reggae n’était pas seulement un style musical, mais une conscience, un cri, une identité. Ce film, devenu culte, a ouvert la voie à une nouvelle perception de la Jamaïque, loin des clichés et pleine de vérité sociale.

Aujourd’hui, Jimmy Cliff n’est plus, mais il n’a jamais été aussi vivant. Ses chansons, réinterprétées, samplées, célébrées, continuent d’inspirer une génération d’artistes qui voient en lui une boussole. Car au fond, l’homme qui chantait “You can get it if you really want” croyait profondément que la musique pouvait changer le monde – ou, à tout le moins, aider chacun à y trouver sa place.

   

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