Transports en commun : l’incivisme à l’épreuve de la vitrine nationale

by La Rédaction

À l’aube des grandes échéances footballistiques — la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du monde 2030 — le Maroc s’affaire à polir son image internationale. Stades flambant neufs, infrastructures modernisées, bus électriques dernier cri : tout semble converger vers une ambition claire, celle d’un pays prêt à accueillir le monde.

Mais derrière ce tableau de modernité, un défi persiste, plus silencieux mais non moins révélateur : celui du comportement citoyen. Dans les transports publics, les marques d’incivisme s’accumulent — discussions bruyantes, altercations, déchets au sol, files d’attente désordonnées. Une enquête du Centre marocain pour la citoyenneté, menée auprès de 1 173 participants, révèle que près de six usagers sur dix, soit 60 %, déclarent être témoins réguliers de tels comportements. Ces chiffres, loin d’être anodins, traduisent un malaise collectif : dans les bus et tramways, le stress du quotidien efface souvent les règles élémentaires du vivre-ensemble.

   

Les scènes se répètent, presque à l’identique, dans les grandes villes. Aux heures de pointe, chacun cherche à se frayer un passage, parfois au détriment des autres. Les remarques fusent, les regards se croisent, les gestes d’agacement deviennent réflexes. Dans cet espace confiné où se mêlent toutes les générations et toutes les classes sociales, l’incivilité agit comme un révélateur : celui des tensions, de la fatigue, mais aussi du besoin d’une culture citoyenne plus ancrée.

Le Maroc investit pourtant massivement dans la mobilité urbaine. Plus de 700 bus Yutong ont déjà été livrés pour renforcer les flottes locales, et les lignes électriques s’étendent pour accompagner la transition écologique. Ces avancées techniques s’inscrivent dans une dynamique d’ouverture et de projection internationale. Mais la réussite de cette modernisation ne saurait se mesurer uniquement à la performance des machines : elle repose aussi sur la qualité des comportements humains qui les accompagnent.

À l’heure où le royaume s’apprête à devenir une vitrine continentale, le civisme prend une dimension nouvelle — celle d’un véritable enjeu d’image. Car la modernité ne réside pas seulement dans la technologie, mais dans la manière dont une société habite ses espaces communs. Faire preuve de courtoisie, respecter une file, préserver la propreté : autant de gestes simples, mais porteurs d’un message fort. Le Maroc de demain se construira dans les stades et sur les routes, certes, mais aussi — et peut-être surtout — dans la capacité de chacun à transformer le trajet du quotidien en acte de respect partagé.

   

Vous aimerez aussi