Quand la photographie devient un langage universel, le Maroc en est un grammairien d’exception. Entre ruelles vibrantes, textures désertiques et visages marqués d’authenticité, ce pays à l’âme plurielle inspire une génération de photographes qui redessinent ses contours, loin des clichés figés. Une publication récente de hypebeastarabia l’a bien compris en mettant en lumière ceux qui capturent l’esprit marocain — un cadre à la fois.
Joseph Ouechen en est le parfait exemple. Son image d’une foule en liesse, rougeoyant sous une lumière de flambeau, incarne cette capacité à saisir l’émotion collective. Il photographie la rue comme on documente une époque : avec urgence, vérité et une énergie communicative.
Dans un tout autre registre, Fatimazohra Serri fait de ses clichés des performances visuelles. Sa composition minimaliste, où un corps suspendu se détache sur fond désertique, évoque l’allégorie. On y lit la fragilité, la mise en tension, mais aussi une liberté conquise par la symbolique du geste.
Mehdi Ait El Mallali, lui, préfère les brumes de l’intimité. À travers une vitre granuleuse, il esquisse le portrait flou d’une silhouette féminine. Ici, l’image ne montre pas, elle suggère. Une invitation à regarder autrement, au-delà des évidences.
Dans cette mosaïque de regards, l’œuvre de Daoud Aoulad-Syad est incontournable. Son cliché de deux hommes chuchotant dans un village, casquettes et bonnets vissés sur la tête, raconte un quotidien humble, mais riche d’humanité. Une image qui tient du récit ethnographique tout en restant profondément poétique.
Plus graphique, mais tout aussi sensible, le travail de Noureddin Id Ben Bouih explore l’uniformité pour en révéler les contrastes. Sa photographie d’enfants en habits traditionnels interroge subtilement les notions d’identité, d’appartenance et de regard.
Hassan Hajjaj, lui, explose les cadres. Véritable alchimiste visuel, il mêle pop culture, artisanat et satire dans des portraits qui évoquent Warhol sous thé à la menthe. Ses compositions bigarrées, jubilatoires et audacieuses offrent une lecture joyeusement subversive de la marocanité contemporaine.
Enfin, Mohammed Ben Yekhlef saisit l’intime dans sa forme la plus brute. Son image d’une femme coiffant un homme dans une lumière naturelle a la force d’un tableau de maître. On y lit la tendresse, la vieillesse, la mémoire et l’attachement.
À travers leurs objectifs, ces photographes racontent un Maroc loin des brochures touristiques. Un Maroc qui vit, qui pense, qui change – un Maroc qui parle, tout simplement.