Miriam Margolyes, voix juive dissidente : Gaza, l’héritage tragique d’un passé qui ne passe pas

by La Rédaction

Dans un climat international de plus en plus polarisé, la voix de Miriam Margolyes tranche avec une rare intensité. L’actrice britannique-australienne, mondialement connue pour ses rôles dans Harry Potter ou encore The Age of Innocence, a récemment bouleversé l’opinion publique par des déclarations à la fois saisissantes et douloureuses. Invitée dans diverses tribunes pour évoquer le conflit israélo-palestinien, Margolyes ne cache plus son indignation. « Je suis choquée, dégoûtée et abasourdie », a-t-elle affirmé, dénonçant sans détour la complicité du gouvernement travailliste britannique dans ce qu’elle qualifie de génocide à Gaza.

C’est avec l’émotion d’une femme juive que Margolyes parle. Mais ses mots ne sont pas portés par l’aveuglement identitaire — bien au contraire. Elle ancre son propos dans une critique éthique : « Je le ressens particulièrement parce que je suis juive », affirme-t-elle dans une vidéo diffusée par le Jewish Council of Australia. Loin de s’ériger contre sa communauté, elle en appelle à ses valeurs les plus profondes : celles de la justice, de la mémoire et du refus de l’oppression. Ce qui la frappe, c’est la manière dont certains héritiers d’un peuple persécuté peuvent aujourd’hui, selon elle, adopter une posture oppressive. Et c’est dans ce contexte qu’elle prononce une phrase qui a fait grand bruit : « Hitler a gagné, il nous a changés. » Un choc sémantique volontaire, destiné à réveiller les consciences, non à blesser.

   

Pour Margolyes, le traumatisme de la Shoah n’a pas seulement laissé des cicatrices, il aurait aussi, tragiquement, altéré la manière dont une partie du peuple juif se perçoit et agit dans le monde. Elle n’accuse pas à la légère : elle implore. Elle supplie les siens de « crier, supplier, hurler pour un cessez-le-feu », insistant sur l’urgence humanitaire à Gaza. Là où certains se replient derrière la realpolitik, elle réclame une boussole morale. Une posture courageuse, mais aussi périlleuse dans un espace public où toute critique d’Israël peut vite être amalgamée à de l’antisémitisme.

Alors que la France a récemment annoncé qu’elle reconnaîtrait un État palestinien, et qu’un mouvement grandissant de députés britanniques presse Keir Starmer d’en faire autant, les mots de Margolyes trouvent un écho particulier. Elle ne cherche ni à choquer pour choquer, ni à s’ériger en donneuse de leçons. Elle parle en femme concernée, en héritière d’une histoire lourde, en témoin d’un présent insupportable.

Il ne s’agit pas ici de débats théoriques ou de joutes politiques. Pour Margolyes, Gaza n’est pas un enjeu géopolitique lointain. C’est son « grand problème ». Et c’est peut-être dans cette sincérité brute que réside la puissance de son message : rappeler que le passé n’excuse pas tout, et que le silence, lorsqu’il devient complice, est une forme de renoncement.

   

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