C’est dans le cadre feutré et inspirant de la Villa des Arts de Casablanca que s’est tenu le vernissage de l’exposition Allusion, signée par l’artiste plasticienne Narjisse El Joubari. Une exposition sensible, presque onirique, qui explore les frontières mouvantes entre le réel et l’imaginaire, entre l’architecture tangible et les songes impalpables.
Les toiles ne décrivent pas, elles évoquent. Elles murmurent plus qu’elles ne racontent. Le flou, la transparence et les jeux subtils de lumière viennent ici remplacer la précision figurative, laissant la place à l’intuition et à l’émotion.
Narjisse El Joubari, profondément marquée par sa ville natale Assilah, traduit dans ses compositions la mémoire des lieux, la sensibilité d’un regard posé sur les structures architecturales, les volumes, les lignes. Mais ici, l’architecture est adoucie, presque caressée par le pinceau. Les formes géométriques s’épanouissent dans une palette apaisée de bleus, de gris, de beiges — des couleurs choisies comme autant d’échos aux paysages atlantiques de son enfance.
Dans cette nouvelle série, l’artiste ose davantage. Elle structure, elle équilibre, mais elle ne contraint jamais. Les volumes flottent, se métamorphosent, se dissipent.
« Le monde de la magie est une illusion, et l’art est de présenter l’illusion du monde », écrivait Paul Virilio. Une phrase qui semble résonner avec justesse dans cette exposition où allusion et illusion ne sont jamais bien loin l’une de l’autre.
À travers cette exposition, Narjisse El Joubari livre une œuvre d’une grande maturité. Elle humanise la géométrie, rend poétiques les structures, donne de la texture à la lumière. Elle n’impose rien, mais suggère tout, dans un dialogue subtil entre la rigueur de la forme et la fluidité de l’émotion.









