Il y a encore quelques mois, son nom était à peine murmuré dans les cercles politiques new-yorkais. Aujourd’hui, Zohran Mamdani s’impose comme le grand favori pour succéder à Eric Adams à la mairie de New York. À 33 ans, ce socialiste déclaré, élu à l’Assemblée de l’État depuis 2021, vient de remporter la primaire démocrate à la surprise générale, devançant le très établi Andrew Cuomo, ex-gouverneur en quête de rédemption politique.
L’ascension de Mamdani, né à Kampala en Ouganda, d’origine indienne, et devenu citoyen américain en 2018, est aussi fulgurante qu’inédite. Conseiller en logement avant d’embrasser la politique, il a été un acteur de terrain, notamment dans le Queens, au service des plus précaires. Il s’est aussi illustré sous le pseudonyme de Young Cardamom dans le milieu du rap, avant de transformer ses paroles militantes en programme électoral. Sa campagne, essentiellement numérique, a séduit une génération souvent laissée de côté : celle des jeunes désabusés par un système politique rigide et élitiste.
Son programme, articulé autour de la lutte contre la vie chère, a fait mouche dans une ville où le coût du logement explose et où l’écart entre riches et pauvres se creuse dangereusement. Crèches publiques, gel des loyers, bus gratuits, hausse du salaire minimum à 30 dollars d’ici 2030, taxation accrue des grandes fortunes : autant de propositions concrètes qui l’ont rapproché de figures iconiques comme Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez, ses soutiens les plus fervents.
Mais Mamdani n’a pas évité les controverses. Son soutien affirmé au mouvement BDS et ses critiques répétées envers le gouvernement israélien lui ont valu une attention médiatique contrastée. Pourtant, loin de se dérober, il a aussi renforcé ses positions contre l’antisémitisme, promettant davantage de moyens pour combattre les crimes de haine à New York.
Face à Andrew Cuomo, dont la réputation a été entachée par des accusations de harcèlement sexuel et une gestion controversée de la pandémie, Mamdani n’a pas mâché ses mots. Lors d’un débat télévisé, il a accusé son rival de représenter une politique du passé, davantage tournée vers les intérêts de l’élite que vers ceux du peuple. Un coup de théâtre d’autant plus marquant qu’il pourrait devenir, en cas de victoire en novembre, le tout premier maire musulman de la ville.
À quelques mois de l’échéance électorale, Zohran Mamdani incarne une nouvelle ère : celle d’une gauche audacieuse, inclusive et résolument tournée vers les urgences sociales. Reste à savoir si cette dynamique survivra à l’épreuve du scrutin général. Mais une chose est certaine : New York n’avait pas vu pareille vague politique depuis longtemps.