Abdelhak Mrini, la voix de l’Histoire s’éteint : adieu à un érudit du Royaume

by La Rédaction

Avec la disparition d’Abdelhak Mrini à l’âge de 91 ans, c’est une page majestueuse de l’histoire contemporaine du Maroc qui se tourne. Porte-parole du Palais royal et historiographe du Royaume, cet homme de lettres et de protocole incarnait une certaine idée du service public, fondée sur la rigueur, l’élégance intellectuelle et un attachement viscéral à la mémoire nationale.

Né à Rabat en 1934, Abdelhak Mrini n’a jamais quitté le giron du savoir. Dès l’enfance, il mémorise le Coran, avant d’embrasser un brillant parcours académique qui le mènera de l’Institut des Hautes Études Marocaines à Strasbourg, jusqu’à un doctorat d’État en lettres à l’Université Mohammed V. Cette soif de connaissance ne le quittera jamais : elle nourrira tant ses travaux historiques que son sens du devoir dans les arcanes du pouvoir.

   

Homme de l’ombre autant que figure institutionnelle, Mrini a été Directeur du Protocole Royal et de la Chancellerie, puis, durant plusieurs décennies, la voix officielle du Palais. À ce titre, il fut l’un des témoins privilégiés de l’histoire politique et diplomatique du Maroc. Mais au-delà des fonctions, il aura été un artisan précieux de la transmission : celle d’une mémoire collective, de traditions officielles, et d’un récit marocain profondément enraciné.

Son œuvre académique, peu connue du grand public mais saluée dans les cercles savants, illustre cette volonté constante de relier le passé au présent. Des ouvrages comme L’Armée marocaine à travers l’histoire ou La poésie du jihad dans la littérature marocaine témoignent de son érudition, mais aussi de son attachement aux dynamiques culturelles profondes du Royaume. Collaborateur fidèle de l’ICESCO, où il partageait encore récemment ses réflexions sur le thé dans la culture marocaine, il s’était imposé comme un passeur entre les générations, entre les traditions et la modernité.

Abdelhak Mrini emporte avec lui une bibliothèque vivante, une mémoire institutionnelle rare, et une élégance littéraire devenue presque anachronique. Mais il laisse aussi un legs inestimable : celui d’un Maroc qui sait encore honorer ses sages, ses intellectuels, et ceux qui, dans la discrétion du service, façonnent la grandeur d’un pays.

   

Vous aimerez aussi