Un raz-de-marée signé Jacques Audiard. Avec sept trophées, dont ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation, Emilia Perez a dominé la 50e cérémonie des César, reléguant au second plan les plus gros succès en salle de l’année. Le Comte de Monte-Cristo et L’Amour ouf, qui cumulent plus de 14 millions d’entrées, sont repartis presque bredouilles. Un choix qui a déclenché un débat sur la place du cinéma d’auteur face au cinéma populaire.
Cette comédie musicale hispanophone, ovationnée à Cannes et nommée 13 fois aux Oscars, a su séduire malgré les polémiques entourant l’une de ses actrices, Karla Sofía Gascón, dont d’anciens tweets controversés ont refait surface. Jacques Audiard a néanmoins tenu à saluer son casting, notamment Zoé Saldaña et Selena Gomez. Ce triomphe pourrait-il influencer la course aux Oscars ? Rien n’est moins sûr, tant l’affaire a ébranlé la réputation du film à Hollywood.

Dans l’ombre du sacre d’Audiard, Monte-Cristo et L’Amour ouf ont dû se contenter de prix techniques. Pierre Niney, attendu au tournant, a vu le César du meilleur acteur lui échapper au profit de Karim Leklou (Le Roman de Jim), tandis qu’Alain Chabat a sauvé l’honneur en décrochant le prix du meilleur second rôle masculin. Quant à Un p’tit truc en plus d’Artus, carton inattendu au box-office, il est reparti bredouille, illustrant encore une fois le désamour des César pour la comédie.
Mais s’il y en a un qui a su tirer son épingle du jeu avec humour, c’est bien Franck Dubosc. Jamais nommé aux César, l’acteur a accepté avec autodérision un prix fictif : celui du “meilleur acteur qui n’a jamais reçu de César”. Un sketch mené avec Jean-Pascal Zadi, où Dubosc s’est vu remettre un trophée… version miniature. Face à une Julia Roberts hilare, il a enchaîné les punchlines, remerciant Jacques Audiard de ne jamais l’avoir engagé et ironisant sur les comédies “pas drôles” qu’il a tournées. Une séquence qui a confirmé, une fois de plus, son intelligence du second degré et son élégance face à l’institution qui l’a toujours boudé.

Enfin, l’émotion a été au rendez-vous avec le sacre d’Abou Sangare, ex-sans-papiers devenu espoir du cinéma français grâce à L’histoire de Souleymane, un film indépendant qui a raflé quatre César. De quoi prouver que, malgré son élitisme, la cérémonie sait encore récompenser des parcours hors norme.