Peu de médecins peuvent se targuer d’avoir dessiné les contours d’une médecine du futur. Le neurologue marocain Youssef El Azouzi, lui, vient de franchir cette ligne avec un dispositif inédit : un filtre sanguin implantable capable de rediriger les cellules immunitaires directement à l’intérieur des vaisseaux. Une première mondiale qui pourrait bouleverser les traitements en soins intensifs et offrir un espoir inédit dans la prévention du rejet de greffes.
Fruit de trois années de recherches et de tests intensifs, ce dispositif n’est pas un gadget de laboratoire. Il a été validé lors d’une expérimentation sur un porc de 75 kg, dans un centre de recherche américain. En induisant une inflammation dans les deux membres postérieurs de l’animal, les scientifiques ont pu, grâce à l’appareil, canaliser les cellules inflammatoires vers une seule jambe. Preuve, selon l’inventeur, que l’outil permettrait un guidage précis des flux immunitaires – une prouesse technique inédite, sans effet secondaire apparent.
Mais cette percée médicale, bien loin des sphères institutionnelles classiques, repose sur un engagement personnel remarquable. Le développement du filtre a coûté 250 000 dollars, entièrement financés par des donateurs privés. Une autonomie financière qui témoigne autant de la foi des soutiens que de la clarté de la vision portée par El Azouzi. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, on le voit traverser l’Atlantique pour déposer son brevet aux États-Unis, avec dans ses bagages bien plus qu’un simple prototype : une ambition à l’échelle de la médecine mondiale.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ce natif de Rabat s’illustre par une invention disruptive. En 2019, il remportait le titre de meilleur inventeur du monde arabe lors de l’émission « Stars of Science » grâce à un stent innovant, destiné à réguler le flux sanguin chez les patients cardiaques. Formé à Oxford, Boston et Istanbul, il dirige aujourd’hui la société Aorto Medical Company depuis les États-Unis, avec toujours la même volonté : imaginer des solutions concrètes aux maux complexes.
Alors que la médecine contemporaine cherche des alternatives aux traitements lourds, coûteux et parfois inefficaces, cette innovation marocaine interpelle. À la croisée de l’immunologie et de la technologie interventionnelle, elle pourrait bien inaugurer une nouvelle génération de soins, où l’on filtrerait les cellules avec autant de précision qu’on poserait un diagnostic. Un avenir encore à valider cliniquement, certes, mais dont le potentiel ne laisse déjà personne indifférent.